Fausse alerte
Malgré mon souhait, toute raison gardée, de voir Hector naître en 2014, il est désormais certain qu'il naîtra en 2015 puisque nous avons changé d'année il y a quelques jours et qu'il est toujours au chaud dans mon ventre ! J'y ai pourtant presque cru dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 décembre !...
L'avantage, c'est que cette solution nous a permis de passer du temps "près" d'Élise autour de Noël.
Troisième, bordel !
Je savais que mon directeur brillerait à nouveau par son intelligence avant mon départ en congé maternité, prévu à la fin de la semaine. Cette fois encore, il ne m'a pas déçue !
Hier midi, à l'occasion du repas de fin d'année de l'entreprise, nous étions réunis au restaurant. Pour seul représentant du groupe auquel notre société appartient, un dirigeant qui ne connaissait pour ainsi dire quasiment personne de notre entité. Alors que je posais une question rapide à une collègue assise à une autre table, autour de laquelle siégeaient également ma chef, mon directeur et ce dirigeant, ce dernier a remarqué mon bidon quelque peu proéminent :-) Il s'est alors demandé, plus auprès de ses voisins de table que de moi, s'il s'agissait de mon premier enfant. Juste au moment où je rejoignais ma table, j'ai entendu mon directeur répondre, pour faire comme s'il était proche de ses employés et très au courant de leurs situations personnelles : "Deuxième". J'ai corrigé, pourtant à voix haute, "Troisième" mais je n'ai pas été entendue. J'ai toutefois été agréablement surprise d'entendre ma chef commencer à rectifier : "Deuxième grossesse mais...". Je n'ai pas entendu la suite, je n'ai pas voulu m'attarder alors que la conversation, bien que me concernant on-ne-peut-plus directement, ne m'impliquait pas. Je ne sais donc pas ce qu'elle a dit à propos de ma première grossesse ou d'Élise, mais je sais qu'elle a au moins nuancé la contre-vérité assénée par mon directeur.
Ça peut paraître anodin, on peut me reprocher de faire tout un plat de ce qui passerait aux yeux de beaucoup pour une simple anecdote, mais ça m'a vraiment affectée. Je sais qu'il est irrécupérable mais je ne peux me résoudre à ce que l'existence de ma fille soit bafouée à ce point.
Je lui en veux de ne rien comprendre, de ne rien vouloir comprendre.
Je lui en veux de ne pas reconnaître l'existence d'Élise.
Je lui en veux de ne pas me reconnaître en tant que mère d'Élise.
Je lui en veux de réussir - en un rien de temps, en un seul mot lâché négligemment - à me miner.
Je sais que cette colère et cette rancoeur sont négatives et viennent me polluer à un moment où je n'en ai vraiment pas besoin mais je n'arrive pas à "lâcher prise" par rapport à ça. C'est d'ailleurs pour cela que j'en parle sur le blog, même si ce billet peut paraître "inconsistant" : pour me libérer un minimum. Tout ce que j'écris, ici ou ailleurs, c'est toujours ça qui tourne un peu moins en boucle dans ma tête.
A-t-il besoin que je lui impose des photos de ma fille ? (Je reviendrai d'ailleurs sur ce sujet un jour prochain...)
A-t-il besoin que je lui raconte mon accouchement de deux bébés ?
A-t-il besoin que je lui montre le rapport d'autopsie ?
A-t-il besoin que je l'emmène sur sa tombe ?
De quoi a-t-il besoin, à part d'un cerveau et d'un coeur, pour comprendre qu'Élise a été et qu'elle existe ?!
Pourtant, il est l'une des personnes les mieux placées pour savoir, de façon très concrète, que Hector est mon troisième enfant : s'il était mon deuxième enfant, comme il se borne à le penser, mon congé maternité durerait 16 semaines et non 26, une différence pourtant conséquente quand il faut remplacer sa salariée absente !
Assurance maladie
Je ne suis pas du genre à tomber dans les clichés sur les administrations françaises et sur les fonctionnaires mais je dois avouer que mes récents échanges avec l'assurance maladie entachent un peu mon objectivité !
- Le 25 juin dernier, j'ai envoyé un message via mon compte personnel du site ameli.fr pour savoir si je serais considérée comme étant déjà "maman d'un ou deux enfants" pour le calcul de la durée de mon prochain congé maternité.
- Le 26 juin, on m'a répondu, avec quelques explications et précisions annexes, que l'indemnité journalière maternité était égale à mon gain journalier moyen net calculé d'après les trois derniers mois de salaire précédant le congé prénatal.
- Le 26 juin, j'ai répondu en la jouant "profil bas", au cas où je me serais mal exprimée (!) dans ma demande initiale, et en reformulant ma question. J'ai ainsi demandé si j'étais "considérée comme ayant mis au monde un ou deux enfants nés viables".
- Le 27 juin, on m'a répondu que ma question avait été "transmise au service expert".
- Le 11 juillet, on m'a répondu que, pour avoir droit à l'allongement du congé maternité pour un troisième enfant, il fallait avoir mis au monde deux enfants viables et que je n'avais fourni, pour Élise, qu'un acte d'enfant sans vie (sous-entendu : qui ne précise pas si elle est née viable ou non).
- Le 12 juillet, j'ai demandé s'il suffisait que je fournisse un certificat attestant que ma fille est née à plus de 22 SA et pesait plus de 500 grammes à la naissance pour que la situation soit régularisée.
Le site de Petite Émilie distingue en effet les certificats d'accouchement d'un mort-né viable et d'un mort-né non viable, en précisant ceci : "Viabilité non définie dans la loi ; la sécurité sociale et la plupart des maternités ont gardé le seuil de 22 SA et 500g de poids de naissance en attendant de nouvelles directives ministérielles".
- Le 16 juillet, on m'a répondu que ma question avait été "transmise au service concerné".
- Le 17 juillet, on m'a expliqué ceci (la réponse est trop belle pour que je ne vous la reproduise pas texto et in extenso) :
"Suite à votre courriel du 16/07/2014, je vous informe que nous avons indemnisé (1) votre repos maternité sur la base d'une grossesse gémellaire avec un enfant à charge (2). Les indemnités journalières du 05/08/2013 au 30/03/2014 (3) ont été versées à votre employeur, soit 34 semaines qui correspondent bien au repos maternité dû pour 3 enfants à votre charge (4).
J'espère avoir répondu à votre demande."
1) Je vous parlais de mon congé maternité à venir ; j'ai donc été surprise de trouver du passé composé dans votre réponse.
2) Je ne sais pas d'où sort l'enfant que j'avais déjà à charge pendant ma grossesse gémellaire mais je vous assure que, si j'avais déjà été enceinte au point d'accoucher d'un enfant vraisemblablement vivant et vraisemblablement déjà âgé d'au moins quelques mois (puisque toujours à charge pendant la grossesse de mes jumeaux), je m'en serais certainement aperçue.
3) Ces dates correspondent au congé maternité de ma première grossesse. Vous me direz, ça colle avec le passé composé et l'évocation de la grossesse gémellaire de la première phrase.
4) Je suis ravie de voir que, en plus de m'avoir inventé un aîné, vous avez également pu ressusciter ma fille puisque, selon vous, j'ai désormais trois enfants à charge. Je vous saurai donc immensément gré de m'indiquer où se trouve ma fille.
Bien sûr, ce n'est pas ce que j'ai répondu mais simplement ce que j'ai pensé.
- Le 17 juillet, j'ai donc répondu que je n'avais pas compris cette réponse et réitéré, avec une certaine dose d'insistance polie, ma question.
J'ai parlé de "la (dernière) réponse (...), que je n'ai pas comprise".
J'ai rappelé que "ma question port(ait) sur ma nouvelle grossesse" et, un peu plus loin, sur "ma nouvelle grossesse qui vient de démarrer".
J'ai répété que je souhaitais "connaître la durée de mon FUTUR congé maternité".
J'ai redonné les informations concernant "ma première grossesse" et "mes premiers enfants".
Je leur ai même donné mon numéro de téléphone, leur suggérant que ce serait peut-être plus simple de voir tout ça en direct.
- Et le 21 juillet, j'ai enfin reçu une réponse adaptée et exhaustive : il suffit que je leur envoie le certificat de viabilité d'Élise pour que je puisse bénéficier de ce congé maternité pour troisième enfant, qui durera bien 26 semaines !
Et que celui ou celle qui trouve mesquin que je "réclame" ou "me batte" pour ce congé maternité allongé se pose la question : à son avis, entre "ma fille morte et un congé maternité plus long" ou "ma fille vivante et un congé maternité plus court", qu'est-ce que je choisirais si je pouvais ?!
Et puis, de toutes façons, la loi est ainsi faite : je ne vole personne, je ne contourne aucune législation, je me contente de faire valoir mes droits et de faire reconnaître ma fille !
Troisième
Pour Élise et Gaspard, on avait fait ça "en grand". Cette fois, on fait les choses différemment.
Mais de quoi parle-t-elle ?! (#1)
Mais de quoi parle-t-elle ?! (#2)
Mais de quoi parle-t-elle ?! (#3)
Ça, c'était juste pour l'annonce mais je vous reparlerai bientôt de tout ce que ça implique...