Souvenange
Parce qu'on n'y pense pas.
Parce qu'on n'ose pas.
Parce qu'on ne sait pas que c'est possible.
Parce qu'on pense qu'on n'en aura pas besoin.
Parce qu'on pense que ça nous fera plus de mal que de bien.
Parce qu'on pense qu'on n'osera jamais les regarder.
Parce qu'on ne réalise pas qu'il ne restera que ça.
Il y a des personnes qui sont là
pour y penser,
pour oser,
pour rendre ça possible,
pour savoir qu'on en aura besoin,
pour savoir que ça nous fera du bien,
pour savoir que leur simple existence est parfois suffisante,
pour savoir qu'il ne restera que ça.
Hélène est de ces personnes. Elle sait tout ça parce qu'elle est "passée par là", elle a été de l'autre côté de la barrière - et y est sans doute restée car c'est une frontière que l'on ne peut pas refranchir dans l'autre sens.
Hélène est aussi photographe à ses heures "perdues".
À ce doux mélange, Hélène a ajouté sa générosité, sa grandeur d'âme et son dévouement. Le résultat, c'est Souvenange, une association qui permet aux parents endeuillés qui le souhaitent de disposer de photographies de qualité professionnelle de leur enfant décédé, grâce à l'intervention d'Hélène, en partenariat officiel avec les trois maternités de sa ville.
Vous trouvez ça dérisoire, futile, morbide ? C'est que vous avez la chance de ne pas pouvoir comprendre.
C'est que vous n'avez jamais eu à vous demander si vous vouliez, si vous pouviez voir votre bébé décédé.
C'est que vous n'avez jamais regretté de ne pas avoir eu la force ou la possibilité de voir votre bébé décédé.
C'est que vous n'avez jamais regretté de ne pas avoir eu la présence d'esprit ou le courage de photographier votre bébé décédé.
C'est que vous n'avez jamais regretté que la seule trace concrète, réelle, tangible de votre bébé soit une photographie mal cadrée, avec une lumière ingrate, prise à la va-vite par une sage-femme mal à l'aise.
Un infini merci à Hélène, parce que je connais au plus profond de mon âme la valeur inestimable de sa démarche.
Aux États-Unis (et en Irlande depuis peu), c'est l'association Now I lay me down to sleep qui sert de relais entre la mort et la vie.
[MISE À JOUR DU 11 MAI 2018]
Trois ans après, l'association a bien grandi !
Nous sommes désormais plus de 160 bénévoles, dont plus de 150 photographes. Je dis "nous", car je suis aujourd'hui moi aussi bénévole (non photographe) dans cette association si essentielle à mes yeux.
Nous avons réalisé des centaines de retouches (gratuites) de photos existantes et des dizaines de séances en maternité.
Les conventions avec les établissements hospitaliers se multiplient, la popularité de l'association grandit auprès des parents et des soignants.
Nous avons un site Internet digne de ce nom : www.souvenange.fr.
Et... nous recherchons constamment de nouveaux photographes prêts à s'engager ! Alors n'hésitez pas à en parler autour de vous ! :-)
Je veux
Peut-être est-ce à cause du mauvais temps ou du retour de vacances - ou un peu des deux - mais je me sens déprimée ce soir. Et comme toujours, quand je déprime (ou plus), je pense à toi. Alors j'ai regardé des photos de toi. Il y a longtemps que je n'avais pas eu besoin de le faire, d'ailleurs.
Et en regardant à nouveau ces photos, je me suis dit plein de choses.
Je veux te prendre encore dans mes bras.
Je veux t'entendre rire aux éclats.
Je veux te murmurer à l'oreille que je t'aime.
Je veux te présenter ton petit frère.
Je veux te voir trébucher et te faire tes premières égratignures aux genoux.
Je veux te serrer à nouveau contre mon cœur.
Je veux t'écouter parler sans qu'on n'y comprenne rien.
Je veux lire la joie de vivre dans tes yeux.
Je veux goûter à la chaleur de tes câlins.
Je veux t'entendre te chamailler avec tes frères.
Je veux caresser la douceur de tes cheveux.
Je veux que tu me réveilles la nuit ailleurs que dans mes cauchemars.
Je veux qu'on reprenne ta vie et la nôtre là où elles ont commencé à basculer.
Je veux qu'on efface tout et qu'on recommence.
Je veux que tu me pardonnes et que tu me donnes une seconde chance.
Je veux que tu reviennes et qu'on fasse comme si de rien n'était.
Même en Corse
Nous passons nos premières vacances à quatre en Corse, l'un des plus beaux endroits que je connaisse.
Hier, nous avons visité la citadelle de Calvi, notamment la cathédrale Saint-Jean-Baptiste. À une époque où je ne savais pas encore si j'étais croyante ou non, ma mère et moi avions allumé un cierge pour mon grand-père ; il était décédé peu après. Depuis, indépendamment du fait que je sais maintenant que je ne crois pas en Dieu, je n'ai plus allumé de cierge ou de bougie pour personne. Jusqu'à Élise. Je ne l'ai pas fait pendant la grossesse des grumeaux mais après le décès d'Élise, dans les rares occasions où je me suis trouvée dans une église, comme ce fut le cas hier. C'est mon mari, sans rien dire, qui en a pris l'initiative cette fois. Entre le moment où je me suis aperçue de ce qu'il avait l'intention de faire et le moment où il a allumé cette bougie, nous nous sommes simplement regardés, nous ne nous sommes pas parlé. Il savait que je savais. C'est ce genre de geste qui me rassure sur ce qui nous rassemble et nous fait avancer main dans la main, même si nous n'avançons pas tout à fait au même rythme.
Aujourd'hui, à la fin d'une promenade dans des jardins botaniques, nous avons quitté les lieux en même temps qu'une dame accompagnée de sa fille handicapée mentale. Je les ai observées toutes les deux, sans cette curiosité malsaine qu'on éprouve parfois devant ce qui fait peur et qu'on est bien content de ne pas avoir chez soi, mais avec une certaine forme d'envie et beaucoup de regrets. Je sais pourtant que, même si nous n'aurons jamais aucune certitude sur l'état dans lequel Élise se serait trouvée si nous l'avions laissée vivre, elle n'aurait probablement pas pu en faire autant que cette jeune fille, qui pouvait marcher seule, respirer sans assistance, s'exprimer - même de façon presque incompréhensible, qui était même capable d'apprécier la douceur et la saveur d'une glace sous le soleil corse...
En voyant cette jeune fille, je me suis demandé si elle était née "comme ça", si sa mère avait su pendant la grossesse qu'elle serait "comme ça", si elle avait choisi de la garder quand même. Je me suis demandé, dans l'hypothèse où elle n'aurait pas eu le choix, si elle aurait aimé l'avoir, ce choix, et si elle aurait fait le choix de la garder ou non, avec toutes ces années de recul.
En voyant cette femme, je l'ai admirée instantanément. Pour sa détermination - à ne pas faire de sa fille une paria ou une pestiférée qui ne peut pas vivre comme tout le monde. Pour sa patience - à expliquer des choses à sa fille qu'elle doit lui répéter à longueur de temps. Pour son humour - à plaisanter sur les absences et les errances de sa fille. Pour sa force - celle que je n'ai pas eue...
Pour terminer la journée, nous sommes allés sur la plage d'Ostriconi, simplement pour la beauté du paysage. Et nous avons demandé à Gaspard de ramasser un caillou, à défaut de coquillage. Nous savons bien qu'il n'a pas compris que c'était pour la tombe de leur sœur mais nous tenions à cette symbolique. Et nous avons nous-mêmes ramassé un autre caillou. Ils viendront compléter la "collection" commencée l'an dernier en Bretagne.
En attendant Hector...
... nous avons immortalisé, fin janvier, les derniers instants de la grossesse avec notre amie et photographe Chrystelle.
Ces photos m'inspirent un seul regret : ne pas avoir eu le courage ou la présence d'esprit de faire de même pour la grossesse d'Élise et Gaspard.
Ces photos vous ont plu ?
Vous souhaitez profiter du talent de Chrystelle ?
Vous habitez la région rouennaise ?
Alors c'est par ici que ça se passe : http://www.chrystelleriquier.com/.
Saint-Aubin
Ce soir, j'ai répété dans une chapelle à Saint-Aubin pour un concert que l'on y donne demain.
Avant de prendre la route pour ma répétition, je n'avais pas réalisé que la dernière fois que j'avais mis les pieds dans cette chapelle, c'était le 13 février 2013.
Sur les dernières minutes du trajet, à mesure que l'itinéraire des derniers kilomètres me revenait en mémoire, cette fameuse journée a défilé en accéléré dans ma tête :
- le matin, la prise de sang pour évaluer le taux de bêta-HCG ;
- en début d'après-midi, la réception des résultats par email avec ce taux que l'on voulait croire trop élevé pour qu'il ne soit le premier indice que d'une seule petite vie ;
- dans la foulée, le coup de fil à mon mari, mes parents, mon frère, ma belle-soeur, mes beaux-parents, mon beau-frère ;
- l'après-midi, l'ultime répétition pour le concert du soir ;
- le soir, l'annonce de ma grossesse à ma prof d'alto entre la loge et la scène, juste avant le concert ;
- après le concert, la conversation avec ma copine altiste, pendant sa pause-cigarette, sur le parvis de la chapelle où nous venions de jouer ;
- sur la route du retour, dans la voiture, diffusée à la radio, cette chanson d'Etienne Daho qui a soudain pris tellement de sens ;
- de retour chez moi, la douceur des bras impatients de mon mari ;
- dans la foulée, la joie d'appeler nos amis proches pour leur annoncer la nouvelle tant attendue.
Une madeleine de Proust dont le goût aussi doux qu'amer m'est resté longtemps en bouche ce soir...
En relisant le premier billet publié a posteriori sur le blog et daté de ce fameux 13 février, je me trouve bien naïve : Même s'il y a un problème en route, c'est déjà une victoire. A l'époque, le plus gros "problème en route" auquel je pensais, c'était ce qu'on appelle une fausse-couche du premier trimestre. Si j'avais su...
Bretagne et coquillages
Dimanche, nous sommes rentrés de Bretagne, où nous avons passé nos premières vacances "en famille".
Forcément, ce "en famille" est chargé de sentiments partagés : le bonheur d'avoir passé une semaine non-stop avec mon mari et mon fils, la douleur à l'idée qu'Élise aurait dû être du voyage, au lieu de ce grand voyage qu'elle a entrepris trop tôt et sans nous... Notre "famille" ne sera jamais vraiment réunie...
Nous avons quand même pu emmener Élise avec nous et la faire voyager, d'une certaine façon.
- Nous avions emporté son livre. Pour le regarder si nous en avions besoin ou envie - ça n'a pas été le cas - mais surtout pour l'avoir avec nous, tout simplement.
- Bien que je ne sois pas croyante et que mon mari, pourtant croyant, ait lui-même hésité, nous avons allumé une bougie pour elle dans la cathédrale de Vannes.
- Nous avons écrit son nom sur la plage de Donnant à Belle-Île-en-Mer et sur la plage de l'île de Berder.
- Nous lui avons écrit un mot d'amour sur le livre d'or de l'église de Rochefort-en-Terre.
- Et puis nous avons ramassé des coquillages et des cailloux à différents endroits que nous avons visités.
Et c'est ce dernier geste qui m'a fait classer ce billet dans la catégorie Petites joies et grands bonheurs : parce que, depuis le temps que je cherchais quoi faire tout au long de ma vie pour elle, nous avons enfin trouvé. De chacune de nos balades, de chacune de nos vacances, mon mari et moi lui rapporterons une petite trace, que nous irons déposer dans un vase transparent sur sa tombe. Et j'en suis heureuse.
À gauche, notre récolte à Belle-Île-en-Mer ; au milieu, à l'Île-aux-Moines ; à droite, à Quiberon.
J'aime particulièrement le tout petit coquillage nacré de l'Île-aux-Moines.
Souvenirs
Les souvenirs d'Élise sont peu nombreux mais ils existent. Il y a les sensations de la grossesse, les chansons qui ont bercé Élise dans mon ventre, les trop rares photos que nous avons d'elle... tout ce qui constitue les seuls souvenirs de notre vie partagée.
Les sensations de la grossesse, tantôt furtives, tantôt appuyées.
Mais toujours teintées d'amertume parce que les grumeaux ne se sont fait sentir qu'après ce fameux 24 mai.
Élise n'a commencé à exister en tant qu'Élise que le jour où nous avons appris qu'elle n'allait pas bien...
Les chansons sont de vrais retours en arrière, comme si on rembobinait le film.
Dimanche encore, lorsque nous écoutions le CD d'Élise - dont nous avons offert un exemplaire à nos parents, frères et belle-soeur à Noël - en rentrant d'un week-end dans le nord, chaque chanson m'a fait repartir en arrière de quelques semaines ou quelques mois... Parmi les plus symboliques, il y a :
- A toi de Joe Dassin - Nous sommes le samedi 25 mai après-midi. Hier, nous avons appris qu'Élise ne va pas bien. La radio est allumée et réglée sur Nostalgie. Les premières notes d'une chanson qui nous est déjà chère, à mon mari et moi, retentissent. Et soudain, certaines paroles prennent un autre sens : A la vie, à l’amour / A nos nuits, à nos jours / A l’éternel retour de la chance / A l’enfant qui viendra / Qui nous ressemblera / Qui sera à la fois toi et moi
- T'es beau de Pauline Croze et reprise par Sophie-Tith - Nous sommes le mardi 18 juin dans la soirée. Plus tôt dans la journée, nous avons passé une nouvelle échographie qui a révélé l'aggravation de la dilatation d'Élise et à l'issue de laquelle l'éventualité de l'interruption de grossesse a été évoquée clairement. Mon homme est au concert de Leonard Cohen à Bercy. Je devais y assister aussi mais, compte tenu de la tournure qu'a prise la grossesse et des frayeurs du début liées à ce fichu hématome, je préfère limiter les longs trajets. Je passe donc la soirée chez mon frère et ma belle-soeur. Nous parlons de la décision que nous allons probablement devoir prendre si les choses continuent à évoluer dans ce sens. Je parle de mon mari, pour qui la décision semble plus facile à prendre, mais pas moins douloureuse pour autant. Je parle de cette chanson, qui me fait penser à lui, à son courage, à son envie d'être heureux : T'es beau / T'es beau parce que t'es courageux / De regarder dans le fond des yeux / Celui qui te défie d'être heureux / T'es beau / T'es beau comme un cri silencieux / Vaillant comme un métal précieux / Qui se bat pour guérir de ses bleus
- Les petits pieds de Léa de Céline Dion - Nous sommes le jeudi 6 juin. Presque deux semaines auparavant, notre monde s'est effondré. Avant-hier, nous avons passé une amniocentèse. Je commence à comprendre que cette grossesse ne sera pas celle que nous espérions. Je commence à réaliser qu'Élise pourrait ne jamais voir le jour. Alors je cherche des infos sur ce dont elle souffre. Je cherche des textes et des chansons sur la perte d'un bébé. Et je tombe sur cette berceuse interprétée par une artiste connue et reconnue. Et je me dis que, même si l'artiste peut ne pas plaire, la femme qui a su mettre en lumière le deuil périnatal ne peut laisser indifférent.
- Le souvenir de ce jour de Jenifer - Nous sommes dans la nuit du mercredi 18 septembre au jeudi 19 septembre. Nous vivons les plus beaux moments de notre vie. Joyeux et tristes à la fois, mais beaux. Parce que nous rencontrons nos enfants. Qu'importe que seul l'un d'entre eux dormira avec nous cette nuit. Qu'importe que l'une d'entre eux n'ouvrira jamais ses yeux. Qu'importe que cette rencontre ne dure qu'un instant. Cette rencontre a lieu et rien d'autre ne compte : Le souvenir de ce jour vaut plus que tout
- Adagio for strings de Samuel Barber et Sois tranquille d'Emmanuel Moire - Nous sommes le 23 septembre. Nous sommes au cimetière ; le soleil nous éblouit et nous réchauffe. Nous sommes en train de dire adieu à Élise. Les mots de l'officier des pompes funèbres se posent sur l'adagio de Barber. Puis vient le moment où le cercueil d'Élise rejoint le fond de ce trou bien trop grand pour elle. Sois tranquille, entend-on alors. Qui dit ça ? Est-ce Élise qui cherche à m'apaiser et à me rassurer ? Ce n'est pas à elle de me consoler. C'était à moi de la consoler, de sécher ses larmes...
Voilà. Je n'ai pas listé toutes les chansons, il y aurait trop de souvenirs et d'émotions à raconter. Mais quand j'ai besoin ou envie de passer du temps avec Élise, il me suffit d'écouter ce disque. C'est un concentré de madeleines de Proust, le goût sucré en moins...
Certaines images sont gravées en moi ; d'autres ont besoin d'un "support" pour être ravivées.
C'est en cela que les photographies d'Élise sont précieuses. Tellement précieuses qu'elles se trouvent sur notre appareil-photo, sur notre ordinateur, sur notre disque dur externe, sur un espace de stockage en ligne, dans nos mails, sur notre tablette.
C'est en cela que le "livre d'Élise", que nous avons constitué à partir des seules photographies que nous avons d'elle, est précieux. Tellement précieux que nous en avons fait faire un double pour le déposer dans un coffre à la banque que nous avons ouvert exprès à cette intention.
Parce que perdre ces photographies, ce serait perdre Élise une nouvelle fois.
Ce sont là nos seuls souvenirs. Nous pouvons faire semblant mais jamais nous ne pourrons en créer de nouveaux.
Faire semblant, faire comme si.
Faire comme si nous rencontrions à nouveau Élise grâce à la photographie prise par la sage-femme juste après la naissance et que la psychologue devrait nous montrer pour la première fois et nous donner ensuite, lors de notre rendez-vous de jeudi prochain.
Faire comme si nous découvrions d'autres images d'Élise en demandant à une dessinatrice de la représenter à partir d'une photographie.
Faire comme si nous vivions de nouveaux instants avec Élise en demandant à cette même dessinatrice de représenter Élise et Gaspard endormis ensemble.
Faire comme si nous pouvions fabriquer de nouveaux souvenirs d'Élise, de nouveaux souvenirs avec Élise.
Dans souvenir, on entend presque avenir. Et ces souvenirs, parmi les plus précieux de ma vie, berceront mon avenir.
quelques souvenirs d'elle
pour un avenir sans elle
Il y a...
Dans sa boîte à souvenirs, sur un morceau du même tissu qui a servi à l'étagère de Gaspard, il y a...
- une photo d'elle avec la grenouille que ma maman lui a tricotée et les chaussons que je lui avais tricotés
- un doudou-ours brodé à son prénom et offert par des amis de mes beaux-parents
- un doudou-lapin brodé à son prénom et sa date de naissance offert par le parrain de mon mari et son épouse
- un kaléidoscope rempli d'étoiles offert par la cousine de mon mari et son époux
- le papillon décoratif qu'il y avait parmi les premières fleurs posées sur sa tombe
- le petit écriteau décoratif avec son prénom qu'il y avait parmi les premières fleurs posées sur sa tombe
- le double de son bracelet de naissance
- la même étoile que nous avons posée tout en haut de notre sapin de Noël et que nous avons offerte à nos parents, frères et belle-sœur pour leurs sapins de Noël
- une branche de bruyère et un caillou de la première composition florale que nous lui avons déposée
- l'enveloppe avec ses empreintes prises peu après sa naissance
- l'album Starmyname à son prénom - le même que son frère
- les cartes qui lui sont adressées : mon frère et ma belle-sœur, une amie de mes beaux-parents, une amie et son époux, le cousin de ma mère, son épouse et sa fille
- un exemplaire du faire-part
- le journal municipal de notre ville où elle et son frère figurent dans la rubrique Naissances
- le body que la tante de mon mari avait acheté pour elle avant que l'on ne sache qu'elle ne viendrait pas au monde vivante
- la pochette dans laquelle se trouvait le bracelet-étoile que mon mari m'a offert à Noël "au nom d'Élise"
- la boule à neige-ange que des amis nous ont offerte
- une rose séchée du jour de son enterrement
- le coffret des pompes funèbres avec ce qui me relie au jour de son enterrement, ce 23 septembre : les cartes qui accompagnaient les fleurs, mon autorisation de sortie provisoire de l'hôpital, les tickets de péage, le texte qui a été lu
- ses petites Converse - les mêmes que son frère
- le courrier que nous avons reçu de la part du PDG de l'entreprise de mon mari et qui mentionne aussi bien Élise que Gaspard
- le DVD des photos d'Élise en salle de naissance
- le sac plastique rayé blanc et bleu dans lequel sa grenouille a patienté cet été en attendant de la rejoindre et que je n'ai pu me résoudre à jeter
- le double des vêtements qu'elle porte : un body blanc, une robe gris clair avec de petites étoiles blanches brodées, une culotte assortie à sa robe, des soquettes blanches, les chaussons roses apportés par ses grands-parents paternels et le bonnet rose tricoté par sa grand-mère maternelle
- le bonnet rayé blanc et gris tricoté par ma mère, qu'elle portait à sa naissance, qu'elle portait lors de l'autopsie, qui porte des traces de son sang et que je ne laverai jamais
Et toute ma vie je continuerai à remplir sa boîte, avec tout ce qui me fera penser à elle...