Préparation à la naissance - Épisode 3
La première fois que je vous ai parlé des séances de préparation à la naissance, c'était pour la grossesse des grumeaux, l'an dernier. J'avais pu suivre toutes les séances de préparation "classiques" (heureusement car, cette fois-ci, ce service est au moins temporairement fermé dans l'hôpital où je suis suivie, faute de personnel et de budget) et aller aux séances en piscine jusqu'au bout.
Ces séances en piscine m'avaient beaucoup plu, j'ai donc naturellement décidé de m'y remettre pour Hector, cette fois sans mon homme, qui m'avait accompagnée tous les samedis l'an dernier, puisqu'il faut bien garder Gaspard pendant que maman fait trempette ! :-)
Afin d'en profiter assez longtemps (et ayant la conviction inexplicable qu'Hector arrivera en avance - mais peut-être que je transforme en pressentiment une simple envie...), j'ai commencé les séances en piscine dès la semaine dernière, au début du sixiëme mois de grossesse. Naïvement sans doute, je n'appréhendais pas du tout de recommencer ces séances. En préparant mes affaires avant de partir, en attendant la sage-femme en compagnie des autres mamans et couples, en me changeant dans le vestiaire, en me douchant, je ne cogitais pas du tout : j'avais simplement hâte de retrouver les sensations qui m'avaient fait tant de bien l'an dernier.
Et pourtant, à peine entrée dans l'eau, alors que la sage-femme (que je connaissais déjà à travers les séances en piscine de l'an dernier mais qui n'était pas au courant pour autant de notre histoire) expliquait le premier exercice à faire, j'ai senti peu à peu que ça n'allait pas. J'ai tenté tant bien que mal de suivre les autres dans le premier exercice, censé se dérouler sur toute la longueur du bassin, mais je n'arrivais pas à me concentrer et à faire ce qu'il fallait. J'étais à peine à la moitié du bassin quand les autres étaient déjà prêts à faire demi-tour ; c'est là que je me suis effondrée et que la sage-femme, l'ayant remarqué, m'a rapidement rejointe. Elle a d'abord cru que j'avais mal quelque part, je l'ai détrompée entre deux sanglots. Elle m'a alors raccompagnée jusqu'au bord du bassin et a attendu que je puisse lui expliquer ce qui se passait après avoir calmé mes pleurs. Je lui ai alors raconté en quelques phrases la grossesse des grumeaux, les séances en piscine que j'avais suivies pour eux - avec eux - et l'émotion qui m'avait submergée complètement par surprise en entrant dans l'eau. Elle s'est montrée à l'écoute et réconfortante, m'a rassurée sur le fait que ma démarche de vouloir refaire cette préparation en piscine pour ce nouveau bébé était saine et que mes émotions étaient normales. Elle m'a ensuite proposé d'aller reprendre mes esprits sous la douche avant de les rejoindre, si je le voulais et le pouvais, dans le petit bassin pour les exercices de respiration et de relaxation. La fin de la séance n'a pas été facile mais j'ai tout de même réussi à me détendre un peu. La sage-femme est revenue me parler après la séance pour s'assurer que j'allais mieux, me répéter que ma réaction était légitime, m'encourager à aller voir la psychologue plus tôt que prévu si j'en ressentais le besoin et m'inviter à demander une consultation supplémentaire avec elle "juste pour parler" si je le voulais. Cette sollicitude m'a fait beaucoup de bien ; même si rien d'autre que le temps et le travail sur moi-même ne pourront oeuvrer, j'ai été rassurée et apaisée d'être écoutée et entendue.
C'est donc le coeur léger que je suis allée à ma deuxième séance hier, pour avoir le plaisir de tomber cette fois sur une sage-femme que j'avais également vue lors des séances en piscine l'année dernière mais avec qui nous avions pu discuter de la grossesse des grumeaux. Elle est restée discrète devant les autres mamans et couples présents en se contentant de demander des nouvelles de Gaspard mais son clin d'oeil à mon intention juste avant d'entrer dans l'eau m'a fait comprendre qu'elle se souvenait très bien de moi.
Trois en une
Mercredi soir, j'ai surtout été la maman d'Élise avec la marche blanche organisée à Rouen à l'occasion de la journée internationale de sensibilisation au deuil périnatal.
Jeudi soir, j'ai surtout été la maman de Gaspard avec la réunion d'information à la crèche.
Et ce matin, j'ai surtout été la maman de Hector avec ma première séance de préparation à la naissance en piscine - la première pour cette grossesse (j'y reviendrai dans un prochain billet) mais pas la "première-tout-court".
À chacun son moment !...
Je suis maman de trois enfants (car oui, même si Hector n'est pas encore né, nous sommes déjà ses parents et il sera notre troisième enfant, quoi qu'il arrive) et je ne peux même pas être la maman des trois de la même façon. Élise ne sera plus jamais, ne pourra plus jamais être comme Gaspard ou comme Hector. J'espère juste que rien n'empêchera Hector d'être comme Gaspard...
En haut de la montagne
Depuis les fêtes, le moral n'est pas très haut mais ces derniers temps, il l'était encore moins sans que je m'explique vraiment pourquoi. Et puis j'ai compris. J'ai compris que c'est parce que l'on s'approche de tous ces "il y a un an". J'ai souvent lu que la première année après la perte de son bébé est la plus difficile parce que c'est la première fois que l'on repasse par toutes "ses" dates... Je crois que c'est vrai. Je vous dirai ça dans un an.
En attendant, il ne faut pas m'en vouloir si je vous parle beaucoup de 2013. En 2014, ce sera la première fois depuis la grossesse et depuis le décès d'Élise que je repasserai par toutes les dates qui ont marqué 2013, que je revivrai le changement de saison, que je repenserai aux étapes de la grossesse.
Aujourd'hui, nous sommes le 30 janvier 2014.
Il y a un an, débutait pour de vrai ma première grossesse. Ironie de la vie : aujourd'hui, nous nous rendons à nouveau à l'hôpital pour participer à une rencontre "parents-bébés" organisée par la sage-femme qui nous a préparés à la naissance. Une façon de boucler la boucle, diront certains.
Nous aurions pu choisir de ne pas y aller, pour ne pas affronter ces couples, ces mamans à qui nous n'avions rien dit pendant la grossesse. Mais, depuis le début, nous nous efforçons de vivre comme si Élise était là aussi, de faire les choses qu'on aurait faites s'ils avaient été là tous les deux. Nous n'avons pas honte de notre fille alors pourquoi la cacher ? Et puis c'est aussi une façon de la faire exister et reconnaître, une motivation sans faille pour continuer à avancer.
Aujourd'hui, nous allons donc présenter Gaspard et Élise. Pour Gaspard, c'est son sac à langer que je prépare ; pour Élise, c'est son livre. Une seule différence mais quelle différence...
Il y a un an, nous étions au comble de l'impatience, de l'espoir, de l'excitation. C'était le jour du "replacement", comme on dit : le replacement du ou des embryons qui se seraient formés suite à la fécondation in vitro réalisée deux jours plus tôt.
Lors de la première FIV, en décembre 2011, un seul embryon s'était formé ; il avait pu être replacé mais n'avait pas tenu.
Lors de la deuxième FIV, en juin 2012, aucun embryon ne s'était suffisamment formé pour pouvoir être replacé. Mais ça, nous ne l'avions su qu'au dernier moment, alors que nous étions déjà en route vers l'hôpital pour le replacement.
Lors de cette troisième FIV, nous avons su le lendemain de la ponction que huit embryons s'étaient formés. Le matin du replacement, il y a un an, nous savions bien que rien n'était encore gagné mais nous étions confiants : sur les huit embryons qui avaient émergé la veille, il y en aurait bien au moins un qui aurait tenu jusqu'à l'heure fatidique du replacement. Et puis on nous a annoncé qu'il y avait deux embryons qui étaient vraiment bien formés, "au-dessus du lot". Je me souviens très bien des images qu'on nous a présentées : deux amas de quatre cellules, joliment dessinées, régulièrement formées. Je ne sais pas qui était qui mais c'étaient déjà eux.
Il y a un an, c'est l'espoir de devenir maman de jumeaux que l'on a replacé en moi avec ces deux embryons.
On a signé les papiers autorisant le replacement de deux embryons et on est repartis le coeur allégé par l'espoir et alourdi par la crainte d'un nouvel échec.
Voilà, chez nous, c'est comme ça qu'on fait les bébés : on n'a pas besoin de faire de câlins, il suffit d'obéir aux sages-femmes, d'être gentil avec les médecins, de signer des papiers et d'attendre. Et peut-être devrons-nous en repasser par là puisque les six autres embryons de cette troisième FIV n'ont finalement pas pu être congelés.
Ce replacement ne devrait être qu'un bon souvenir. C'en est un, mais il a un goût amer, celui que prennent les choses quand on sait que l'histoire ne se finit pas bien, quand on sait qu'il n'y a pas vraiment de happy end. Bien sûr, Gaspard est là, en pleine forme et en bonne santé, pour notre plus grande joie mais je ne peux pas dire que l'histoire se soit bien finie. Ce souvenir n'a pas la saveur des évènements dont on sait qu'ils resteront teintés d'une joie pure. Ce replacement, c'est un peu comme le sommet d'une montagne : aujourd'hui, quand je pense à ce 30 janvier 2013, je me vois tout en haut de la montagne mais je vois aussi la pente vertigineuse à laquelle je tourne encore le dos.
Préparation à la naissance - Épisode 2
Hier, c'était notre deuxième séance de préparation à l'accouchement, notre première en piscine.
Par ce temps et ces températures, c'était un vrai bonheur d'infuser pendant une heure, de 9h à 10h, dans une eau à la température aussi agréable ! La piscine n'ouvrant au public qu'à 11h, nous avions non seulement l'ensemble des bassins pour nous mais avons également pu profiter d'une piscine calme, sans agitation ni bruits. Bref, un réel moment de détente pour le corps et l'esprit.
Nous étions une dizaine de mamans, dont plusieurs "habituées" + trois papas, dont mon mari, mais n'avons retrouvé aucune des mamans de notre première séance "classique". Entre assouplissement du bassin, exercices de respiration et 10 minutes de relaxation à la fin, la séance a passé trop vite ! Heureusement, je remets ça dès la semaine prochaine, sans mon homme cette fois puisqu'il sera à l'enterrement de vie de garçon de mon frère.
La mauvaise surprise, c'est en sortant de l'eau que je l'ai eue : comme je me sentais lourde et comme mon bidon était pesant après une heure où j'avais pu oublier les lois de l'attraction terrestre ! ;-)
Enfin, cette première séance en piscine a été pour moi l'occasion d'étrenner mon nouveau maillot de bain "cache-misère" (comprendre les griffes de tigre auxquelles ressemblent mes charmantes vergetures abdominales - je vous les montrerai peut-être un jour !). Ce tankini commandé sur émoi émoi (en soldes, en plus !) m'a donné entière satisfaction : agréable à porter, poitrine bien maintenue (ce qui n'est pas du luxe !), bien coupé, partie abdominale bien couvrante et qui laisse de la marge au bidon. 10/10 !
Préparation à la naissance - Épisode 1
Vendredi dernier, c'était notre première séance de préparation à l'accouchement. Comme mon mari était en vacances, il a pu m'accompagner mais ce ne sera pas le cas les prochaines fois puisque toutes les séances ont lieu le vendredi matin. Or, comme il doit déjà s'absenter souvent de son travail (sous l'oeil bienveillant et compréhensif, heureusement, de ses responsables et collègues) pour les rendez-vous avec les médecins, il ne peut pas abuser et sera bien obligé de sacrifier ces rendez-vous-là.
Comme il paraît que les grumeaux sont souvent pressés et que nous risquons, selon la décision que nous prendrons, de devoir déclencher un accouchement prématuré, nous avons intégré un groupe de futurs parents dont les bébés doivent arriver plusieurs semaines avant les nôtres, comme en a attesté le "tour de tapis" de début de séance.
Une bonne surprise dès le début (que nous avons découverte en nous inscrivant quelques jours avant) : je connais et apprécie la sage-femme qui anime ces séances de préparation. Avant de "tourner" dans d'autres services, elle travaillait en effet dans le service d'AMP au début de notre parcours et j'avais alors eu le plaisir de découvrir une femme humaine et attentionnée.
Dans notre groupe, uniquement des premières grossesses et des âges relativement proches, autour de 30 ans, avec une exception : une jeune fille de 17 ans aussi paumée que touchante (en l'écoutant et en l'observant, je n'ai pu m'empêcher de me demander comment j'aurais vécu la situation, il y a 10 ans...).
Après les présentations des couples et futures mamans présents, la sage-femme a expliqué/rappelé le fonctionnement du corps pendant la grossesse et l'accouchement, avant de nous laisser poser nos questions sur l'accouchement. A mesure que j'écoutais les interrogations des autres futures mamans, dont certaines rejoignaient les miennes, et les réponses de la sage-femme, je sentais ma gorge se nouer, à cause d'une question qui m'obsédait mais que je ne voulais pas poser devant tout le monde, d'une part pour ne pas attirer la curiosité des autres sur notre histoire, d'autre part pour ne pas plomber l'ambiance. Et puis quand les questions ont tourné autour de la césarienne (sans rapport direct avec ma question, pourtant. Les autres ont dû croire que je redoutais la césarienne ; s'ils savaient...), je n'ai plus su retenir mes larmes et me suis effondrée jusqu'à ce que je me décide à sortir de la salle pour reprendre mes esprits.
La sage-femme, avec qui nous avions évoqué la drôle de grossesse que nous vivons lors de notre inscription à ces séances, nous a alors rejoints dans la salle d'attente pour me réconforter. J'ai d'autant plus apprécié son soutien qu'elle sait de quoi il s'agit puisqu'elle a elle-même vécu un deuil périnatal. Et avant que nous ne retournions dans la salle, j'ai obtenu ma réponse de sa bouche : "physiquement, ça ne fait aucune différence". Ma question, c'était : "ça fait quoi, d'accoucher d'un bébé vivant et d'un bébé mort à la suite ?"
Après cette petite interruption, la séance a repris son cours normal, entre explications techniques et conseils pratiques, notamment sur le massage périnéal à commencer quelques semaines (voire mois) avant l'accouchement afin de limiter les risques d'épisiotomie.
Malgré l'intermède lacrymal, entre démystification de l'accouchement et réelle préparation à la fois physique et psychologique, le bilan de cette première séance est positif, d'autant plus que ce type de préparation permet de normaliser la grossesse, ce que n'auraient pas permis les séances individuelles que la sage-femme m'a proposées avec une intention tout-à-fait louable.
Prochaine séance : début août, au retour de vacances de la sage-femme. D'ici là, nous allons tenter, en complément, la préparation en piscine, histoire de varier les plaisirs !