Congé parental
Pour ma première grossesse, j'ai bénéficié d'un congé maternité pour jumeaux, c'est-à-dire de 34 semaines au total. J'avais ensuite prolongé en congé parental et en congés payés jusqu'à ma reprise du travail un an et quelques jours après la naissance des grumeaux.
Pour Hector, puisqu'Élise compte pour la sécurité sociale, je bénéficie d'un congé maternité pour troisième enfant, qui court jusqu'au 19 juin. Je complèterai ensuite en congé parental et en congés payés pour reprendre le travail fin août.
Et pour garder Hector à la maison jusqu'à son entrée "complète" à la crèche mi-septembre (c'est-à-dire une fois la période d'adaptation de deux semaines terminée), mon mari et moi avons cette fois décidé qu'il prendrait également un congé parental. Il aurait aimé le faire dès l'an dernier mais, avec le départ à la retraite de son responsable en milieu d'année, ce n'était pas le bon moment. Et comme j'étais absente de mon travail depuis plus d'un an, entre arrêts maladie précoces, congé prénatal et congé postnatal, je n'étais plus à quelques semaines près pour retourner travailler ! Cette année, les circonstances étant moins défavorables de son côté, mon mari va donc prendre quelques semaines de congé parental pour faire la transition entre mon retour au travail et le "largage" du koala à la crèche.
Sur mon congé parental, aucune remarque, aucun commentaire. Tout le monde s'accorde à trouver normal qu'une mère s'occupe de son enfant.
Sur son congé parental, on entend parfois un autre son de cloche. Visiblement, tout le monde ne trouve pas normal qu'un père s'occupe de son enfant...
Certain(e)s sont agréablement surpris(es).
D'autres vont encore plus loin. Comme ce fournisseur avec lequel mon mari travaille :
- Je vais prendre un congé parental.
- Mais t'as pas le droit !
- Si, si, je t'assure.
- Mais ils vont te le refuser !
- Non, ils sont obligés d'accepter.
- Et combien de temps ?!
- Un mois.
- Tant que ça !
- En théorie, je pourrais même prendre 2,5 ans.
- Tu vas te faire virer à ton retour !
- Mais non.
La modernité et la parité ont encore du pain sur la planche...
L'IMG, c'est aussi une affaire de père
Émission "Les Maternelles" diffusée sur France 5
Date : 20 mars 2015
Durée : 0h41
Les chaussures
Voici un texte que j'ai découvert aujourd'hui. Dès la première phrase, j'ai compris de quelles chaussures il s'agissait.
Je porte une paire de chaussures.
Elles sont très laides, inconfortables ; je les déteste.
Chaque jour, je les porte et chaque jour, je rêve que j'en porte d'autres.
Certains jours, mes chaussures me font tellement souffrir que je pense ne plus pouvoir avancer.
Personne ne me parle jamais de mes chaussures mais je peux lire dans les yeux de qui me regarde que chacun est soulagé que ce soit les miennes.
Personne ne me parle d'elles.
Pour vraiment comprendre ces chaussures, vous devez les porter, mais une fois que vous les aurez aux pieds, jamais plus vous ne pourrez les enlever.
Je me rends compte que je ne suis pas seule à porter ces chaussures.
Il y a beaucoup de paires de par le monde.
Certaines femmes sont comme moi et elles essayent de marcher avec la douleur quotidienne de ces chaussures.
Certaines ont appris comment marcher avec ces chaussures et elles ne sont plus autant blessées.
Aucune femme ne mérite de porter ces chaussures.
Pourtant, c'est à cause de ces chaussures que je suis une femme forte.
Ces chaussures m'ont donné la force d'affronter n'importe quoi.
Elles ont fait de moi ce que je suis.
Je marcherai toujours dans les chaussures d'une femme qui a perdu un enfant.
Ce genre de textes est souvent écrit au nom des mamans mais je sais que les papas aussi portent ces chaussures.
Le papa
Pas tout-à-fait papa
Il y a bientôt cinq mois, j'ai découvert un blog tenu par quelqu'un qui avait perdu, quelques mois plus tôt, sa deuxième fille, à 8 mois de grossesse. Les blogs traitant du deuil périnatal sont peu nombreux et les blogs de ce "genre" le sont encore plus, puisque son "originalité" réside dans le fait qu'il est tenu par un papa. Pour une fois qu'un papa ose, à raison, prendre la parole, je ne peux que vous inciter à l'écouter - à le lire, pour être précise.
La sollicitude, les encouragements, les tentatives de réconfort sont quasiment exclusivement adressés à la maman.
Rares sont les personnes qui comprennent que le papa AUSSI a perdu un enfant.
Rares sont les personnes qui demandent des nouvelles du papa, alors que la maman est au coeur de toutes les inquiétudes (quand elles existent).
Rares sont les personnes qui comprennent que ce n'est pas moins difficile pour le papa sous prétexte qu'il n'a pas porté ou mis au monde son enfant. J'aurais pu dire "au contraire" mais ce ne serait pas exact. Ce n'est pas plus difficile pour le papa ou la maman. De toutes façons, il n'est pas question de comparaison ou de hiérarchisation de la douleur. Face au deuil de son bébé, chacun fait comme il peut avec ses forces et ses faiblesses, ses repères et ses manques. Le papa se sent souvent frustré de n'avoir pu partager avec son enfant "autant" de choses, pourtant si peu nombreuses, que la maman. La maman culpabilise souvent de n'avoir pas su protéger son enfant. Aucune position n'est enviable, aucun statut n'est préférable, aucune situation n'est jalousable. Rien de plus vrai que ce que chantait Serge Reggiani :
L'absence, la voilà,
L'absence d'un enfant, d'un amour,
L'absence est la même,
Quand on a dit "Je t'aime" un jour,
Le silence est le même.
Je ne dis pas que mon mari se retrouve(rait) dans tout ce que ce papa désenfanté écrit, je dis simplement qu'il est important qu'un papa puisse aussi faire entendre sa voix, parmi toute l'attention essentiellement portée vers les mamans. Alors, qu'il le veuille ou non, ce papa, à travers son blog, est un peu le porte-parole de tous les papas désenfantés.
Les plus vigilants ou assidus auront peut-être remarqué que ce blog fait partie des liens figurant sur mon blog. Pour les autres, en voici l'adresse : http://pastoutafaitpapa.canalblog.com
Seul à seuls
J'adore quand mon homme me dit "je les ai bien sentis ce matin", sous-entendu quand je dormais encore et n'ai même pas senti sa main sur mon ventre. J'adore l'idée qu'il profite de moments seul à seuls avec eux, sans moi, même si mon corps est bien obligé de servir d'intermédiaire.
Profite, Mon Amour, de tous ces instants volés avec tes deux enfants. <3
RDV avec le Pr Verspyck - Beaucoup de réponses
S'il n'a pas pu répondre à l'intégralité de nos questions - certains facteurs étant encore soumis à une évolution impossible à maîtriser ou à prévoir, le Pr Verspyck a aujourd'hui pu éclaircir dans une certaine mesure la situation que nous allons vivre dans les prochaines semaines.
Il n'est pour l'instant pas possible de prévoir précisément la date de l'ISG. Dans la mesure où le dernier examen obstétrical (réalisé - heureux concours de circonstances - quatre heures avant notre entretien avec le Pr Verspyck) est rassurant (pas de menace d'accouchement prématuré), le Pr Verspyck préfère temporiser au maximum dans l'intérêt de Gaspard. S'il avait évoqué au départ une ISG à partir de 34 SA, compte tenu de mon état physique, toute semaine ou même journée de plus au chaud est bonne à prendre pour le p'tit loup !
Le Pr Verspyck a donc proposé de m'hospitaliser dans une quinzaine de jours pour faire un point à la fois médical (examen clinique, bilan sanguin de référence, échographie) et psychologique. Ma sortie dépendra des résultats de ce bilan : s'ils jugent préférable de me garder pour une raison ou une autre (indication médicale de pratiquer l'ISG rapidement, fragilité psychologique), il se pourrait que je reste hospitalisée jusqu'à l'accouchement.
Si nous avons bien compris, je serai de toutes façons hospitalisée à compter de l'ISG, d'une part pour que Gaspard et moi soyons sous surveillance - cette intervention n'étant pas anodine sur le plan médical non plus, d'autre part parce que mon mari (et moi aussi, je dois bien l'admettre) ne souhaite pas que je reste seule à cogiter toute la journée avec Élise morte et Gaspard vivant dans mon ventre pendant qu'il sera au travail.
Le cerveau d'Élise sera peut-être un peu drainé lors de l'ISG. Ce sera probablement confirmé lors de la prochaine échographie que réalisera le Pr Verspyck.
Du prochain bilan dépendra peut-être aussi la décision de programmer et déclencher l'accouchement.
Le rendez-vous du 13 septembre avec l'anesthésiste tombe finalement à point nommé.
Il est encore trop tôt pour savoir si l'accouchement se fera par voie basse ou par césarienne ; les voies naturelles ne semblent pas encore exclues.
En cas d'accouchement par voie basse, mon mari pourra rester avec moi en salle d'accouchement.
En cas de césarienne, il n'est pas impossible qu'il puisse rester avec moi, compte tenu du contexte particulier. Bien sûr, en cas de complications (souffrance fœtale ou ralentissement du rythme cardiaque chez Gaspard ou urgence médicale pour moi par exemple), moins il y aura de monde dans le bloc opératoire, mieux ce sera et nous le comprenons parfaitement.
Le Pr Verspyck nous a confirmé que nous pourrions voir Élise entre l'accouchement et l'autopsie et que nous pourrions choisir l'accueil que nous voulons lui faire : passer quelques minutes ou plusieurs heures avec elle, simplement la regarder ou la toucher et la prendre dans nos bras, la voir seule ou avec son frère, prendre des photos, prendre ses empreintes.
A priori, les premiers prélèvements pour l'autopsie seront réalisés dès le lendemain de l'accouchement et ne dureront que quelques jours au plus.
Après l'autopsie, nous pourrons la revoir, elle sera "visible" ; le Pr Verspyck nous a confirmé qu'elle ne serait pas "un bébé en mille morceaux".
Si nous avons bien compris, Élise ne restera pas très longtemps à la morgue, ce qui veut dire que, si Gaspard doit séjourner en néonatalogie, nous ne pourrons pas l'emmener avec nous à l'enterrement de sa soeur. Nous ne tenons pas spécialement à ce qu'il y "assiste", nous souhaiterions simplement pouvoir passer quelques jours dans la maison de vacances de mes parents après l'enterrement pour souffler un peu mais, si Gaspard est encore à l'hôpital, il sera inenvisageable que nous restions ne serait-ce qu'une nuit loin de lui.
RDV avec le Pr Verspyck - Des tas de questions
Demain, nous voyons le Pr Verspyck pour lui faire part de notre décision de pratiquer l'interruption de grossesse pour Élise. Au-delà de tous les doutes et interrogations qui nous assaillent, se posent aussi beaucoup de questions bêtement terre-à-terre...
- Quand aura lieu l'ISG ?
- Quand vais-je rentrer avant l'ISG ?
- Quand vais-je sortir après l'ISG ?
- Le cerveau d'Élise sera-t-il drainé lors de l'ISG, comme l'avait évoqué le Dr Diguet ?
- Mon mari pourra-t-il rester à mes côtés pendant l'ISG ?
- A part psychologiquement, est-ce que ça change quelque chose à la fin de la grossesse de porter un bébé mort et un bébé vivant ?
- L'accouchement sera-t-il programmé ?
- Si oui, quand ?
- Le rendez-vous avec l'anesthésiste prévu le 13 septembre est-il tardif ou non ?
- Est-ce que ce sera un accouchement par voie basse ou par césarienne ?
- Mon mari pourra-t-il rester avec moi dans les deux cas ?
- Qui sortira en premier : Élise ou Gaspard ?
- Pourrons-nous voir Élise entre l'accouchement et l'autopsie ?
- Si oui, pendant combien de temps ?
- Si oui, en même temps que son frère ?
- Si oui, sera-t-elle habillée entre l'accouchement et l'autopsie ?
- Si oui, comment : avec des langes de l'hôpital ou avec des vêtements que nous aurons apportés pour elle ?
- Si oui, qui l'habillera ?
- Pourrons-nous prendre des photos d'elle et avec elle ?
- Pourrons-nous prendre ses empreintes ?
- Élise aura-t-elle un bracelet de naissance que nous pourrons garder ?
- Au bout de combien de temps Élise sera-t-elle emmenée pour l'autopsie ?
- Combien de temps sera-t-elle gardée pour l'autopsie ?
- Où sera-t-elle entre l'autopsie et la mise en bière ?
- Qui habillera Élise après l'autopsie ?
- Pourrons-nous revoir Élise après l'autopsie ?
- L'hôpital pourra-t-il garder Élise jusqu'à ce que Gaspard et moi soyons aptes à quitter la maternité ?
- Si oui, combien de temps au maximum, au cas où Gaspard doive séjourner en néonatalogie ?
- Si j'accouche par césarienne, pourrai-je faire deux heures de route dès la sortie de la maternité pour aller enterrer Élise dans le Pas-de-Calais ?
- Si Gaspard est en bonne santé, pourrons-nous lui faire faire deux heures de route dès la sortie de la maternité pour l'emmener avec nous à l'enterrement d'Élise ?
Il y a quelqu'un ?!
Ça y est, je commence à percevoir les mouvements des grumeaux, en plus de leurs bulles :-)
Ce soir, Gaspard devait déjà roupiller mais je sentais Élise s'activer, j'ai donc incité mon homme à poser sa main sur mon ventre, de son côté : échec cuisant. Quelques minutes plus tard, je la sens à nouveau. Nouvelle tentative du papa : franche réussite, à deux reprises qui plus est. Des petites perles d'émotion sont venues embuer mes yeux :-)