Différente ?
Une petite fille.
Une mère.
Une autre petite fille.
Une autre mère.
Cette petite fille. Qui est lourdement handicapée. Qui ne peut ni parler ni marcher.
Cette mère. Qui tue sa fille.
Cette autre petite fille. Qui sera lourdement handicapée. Qui ne pourra ni parler ni marcher.
Cette autre mère. Qui tue sa fille.
Cette mère. Qui risque la réclusion criminelle à perpétuité.
Cette autre mère. Qui vit en toute impunité - si ce n'est les démons qui me rongent.
Quelle différence ?!
Pas que ça
Lui sourire.
Me détendre.
Provoquer le peau à peau.
Prendre plaisir à être avec lui.
Apprécier sa chaleur.
Plonger mon regard dans le sien.
Le faire rire.
Savourer sa douceur.
Me reconnecter à lui.
Prolonger l'instant.
C'est ce que j'ai vécu hier soir avec Hector, à l'occasion d'un bain partagé, pendant que Gaspard était avec son papa.
Je voulais en parler ici pour rétablir l'équilibre suite à mes deux derniers billets. Parce que, au milieu de ma tempête, il y a aussi des instants de grâce et que ce sont ces moments qui me donnent l'énergie d'affronter, tant bien que mal, les autres moments...
De l'air
Se balader en poussette dans la maison. Jouer dans le parc. Faire la sieste dans son lit. Me regarder depuis sa chaise haute.
...
Rien n'y fait : il veut être avec moi, sur moi.
Sa peau contre la mienne.
Sa chaleur.
Ses gémissements de contentement.
Ses doigts qui s'agrippent à mes vêtements.
Ses yeux qui cherchent les miens.
Sa respiration qui ralentit.
Sa lèvre inférieure qui tète dans le vide.
Ses soupirs d'aise.
Son corps qui s'abandonne en pleine confiance.
Tout ce que j'aurais voulu dire d'Élise, vivre avec Élise, voilà que je n'en peux plus, que je n'en veux plus avec lui.
Ce contact physique. Cette fusion. Cette vampirisation.
Mon coeur, mon esprit, mon âme veulent respirer. Mon corps cherche de l'air malgré moi. Littéralement. Je ne contrôle plus ma respiration. Ma fonction vitale a pris son indépendance et va chercher ce dont elle a besoin comme elle peut, où elle peut.
Lui sur moi.
Lui si bien.
Moi si mal.
Comment est-ce possible ?
La certitude d'être incapable de lui faire du mal, de mal le traiter, volontairement ou par négligence.
Mais le sentiment de le trahir.
Alors mon rejet de lui n'est-il pas déjà une négligence ou une maltraitance ?...
L'admettre et le dire
Demain
Scène (presque) ordinaire de la vie de bureau un vendredi soir.
Mon mari : Bon week-end !
Sa collègue (parfaitement au courant de notre histoire) : Bon week-end ! Et n'oublie pas Annabelle dimanche !
Mon mari : Non non.
Sa collègue : En plus, elle est doublement mère !
Mon mari : Non, triplement.
Sa collègue : ... Ah...
À force de taper sur le clou, il finira bien par rentrer !
C'est sûr, Élise ne pourra jamais me souhaiter "Bonne fête Maman !" mais je serai toujours sa mère.
C'est même elle, avant Gaspard puis Hector, qui a fait de moi une mère alors c'est dire !