Si t'étais là
En ce moment, cette chanson de Louane passe en boucle à la radio et dans ma tête :
Et pour cause, les paroles sont plus qu'évocatrices... :
Parfois je pense à toi, dans les voitures
Le pire, c'est les voyages, c'est d'aventure
Une chanson fait revivre, un souvenir
Les questions sans réponse ça c'est le pire
Est-ce que tu m'entends ? Est-ce que tu me vois ?
Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là ?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies ?
Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là ?
Je m'raconte des histoires pour m'endormir
Pour endormir ma peine et pour sourire
J'ai des conversations imaginaires
Avec des gens qui ne sont pas sur la terre
Est-ce que tu m'entends ? Est-ce que tu me vois ?
Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là ?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies ?
Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là ?
J'm'en fous si on a peur que j'tienne pas le coup
Je sais qu't'es là, pas loin, même si c'est fou
Les fous c'est fait pour faire fondre les armures
Pour faire pleurer les gens dans les voitures
Est-ce que tu m'entends ? Est-ce que tu me vois ?
Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là ?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies ?
Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là ?
Il y a quelque temps déjà, Hector, en entendant cette phrase "C'est fait (...) pour faire pleurer les gens dans les voitures", avait réagi :
"C'est pas bien de faire pleurer les gens"
Oui, tu as raison Chaton, mais parfois, ce n'est pas intentionnel tu sais.
Ce matin, je la fredonnais (encore !) en chaussant Gaspard et Hector, sans autre commentaire, lorsque Gaspard a donné sa propre réponse, en comprenant de lui-même le lien qu'il y a avec Élise :
"Si Élise était là, elle dirait des bêtises et elle nous ferait des câlins"
Mon coeur de maman cabossé s'est fendu... d'un sourire.
Je m'en contenterais
Un matin de cette semaine, dans la voiture.
Nous venions de déposer Hector à la crèche et étions en route pour l'école. Comme cela lui arrive régulièrement, Gaspard m'a demandé de "mettre Élise". Je vous explique : notre voiture possède un GPS intégré et qui affiche, l'espace de quelques secondes, un fond d'écran à chaque fois que nous mettons le moteur en marche. Le fond d'écran par défaut, nous l'avons remplacé par cette image, que nous pouvons par ailleurs afficher à volonté. Gaspard m'a donc demandé de mettre à l'écran ce dessin où apparaît Élise. Pourquoi n'y associe-t-il qu'Élise, alors qu'il sait parfaitement qui sont les deux petits garçons, je ne sais pas, mais peu importe.
J'affiche donc le dessin en question, mais après quelques secondes à peine, Gaspard change d'avis et s'exclame, comme s'il était agacé : "ze veux plus Élise !". Dans ces cas-là, je ne discute pas, j'ai la hantise chevillée au corps de lui imposer malgré moi l'envahissante absence de sa sœur. Mais j'essaie quand même de désamorcer la colère que je pense avoir détectée. Et lui de me répondre, sur un ton de reproche : "je veux qu'Élise elle vienne jouer avec nous !".
Moi aussi, mon amour, je voudrais qu'elle vienne jouer avec vous. Pour tout te dire, je n'en demande même pas plus. Qu'elle vienne occasionnellement s'amuser en famille. Même juste un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires, ça me suffirait... Je ne ferais pas la gourmande : je veux bien la laisser où elle est même à Noël et le jour de la fête des mères ! Puisqu'il n'y a pas de mot pour nous désigner, moi ou mon mari, empruntons ceux qui existent : je veux bien être juste "divorcée de ma fille" plutôt qu'être "veuve de ma fille"...
Quand on n'a rien, on se contenterait de peu...
Cela me rappelle d'ailleurs une chanson d'Isabelle Boulay qui résonne, en grande partie, différemment aujourd'hui : "Je m'en contenterai"...
Tu es comme une odeur
Dans un coin de mon coeur
Qui me colle aux regrets
Et même t'apercevoir
À travers le brouillard
Je m'en contenterai
Sur le grand tableau noir
La craie de ma mémoire
Ne peut pas s'effacer
Et même te voir de loin
Dire adieu à un train
Je m'en contenterai
Je m'en contenterai
Je n'ai pas d'autres choix
Tu es le seul été
Qui me sauve du froid
Même de tes non-dits
Et même de ton mépris
Sache que bon gré mal gré
Je m'en contenterai
Tu erres en mon chagrin
Comme on promène un chien
Dans un mauvais quartier
De ces mots de bazar
Que t'écris au hasard
Sur du mauvais papier
Je m'en contenterai
Je n'ai pas d'autres choix
Tu es le seul baiser
Que je n'oublierai pas
Mon coeur vide de mots
Et mon corps, de ta peau
Je m'en contenterai
Dans un coin de mon lit
Ton absence est un cri
Que je n'ai pas poussé
Un cri du fond de moi
Qui grandit chaque fois
Que je crois t'oublier
Jusqu'au bout de ma vie
Je me contenterai
D'un reflet dans la nuit
Je me contenterai
Et faute d'avoir le tout
Je me contenterai
De toi par petits bouts
Je me contenterai
De t'attendre partout
Et si je meurs de ça,
Tu t'en contenteras
Avec et sans
Tu avances, tu ne réfléchis pas, tu te laisses emporter par le tourbillon de la vie, tu gères le quotidien. Et puis, de temps en temps, tu n’arrives plus à donner le change, à faire semblant, à te concentrer. Sans savoir pourquoi, sans raison apparente, sans date particulière, sans facteur déclenchant.
Ça ira mieux demain, certainement. Juste un jour « sans », probablement.
Comme pour reprendre ma dose de souffrance avant de repartir au front, histoire de ne pas oublier que, malgré les apparences, elle est toujours là, tapie, sournoise, préférant la surprise à l’habitude.
Comme pour ouvrir les vannes, laisser se déverser tout le flot qui m’envahit, faire semblant d’assécher pour mieux se laisser submerger, encore et encore. Remplissage, évacuation. Remplissage, évacuation. Le niveau ne se stabilisera-t-il jamais ?!
Ces jours-là, j’ai l’âme en miettes, le regard ailleurs, le manque à fleur de peau.
J’ai envie de m’enfermer dans ma bulle de mélancolie.
J’ai l’humeur à écouter tous ceux qui me parlent de toi sans même le savoir.
Parmi eux, il y a Benjamin Biolay.
« Si tu n'fleuris pas les tombes
Mais chéris les absents »
Je fleuris rarement ta tombe. J’y vais rarement ; je n’ai pas envie d’y aller, je n’en ai pas besoin non plus. Cela ne m’apporte rien d’y aller et ne m’enlève rien de m’en abstenir. Remarque, j’ai arrêté de culpabiliser de m’y rendre si rarement, quel progrès ! Heureusement, ma culpabilité a encore de quoi se nourrir avec tout le reste...
« Ça n'est pas ta faute
C'est ta chair, ton sang
Il va falloir faire avec
Ou... plutôt sans »
Choisir, mais subir. Subir ce que l’on a choisi. Il va falloir faire sans. Sans toi. « Avec eux » et « sans toi ». Pire, « avec eux » est « sans toi ».
Il y a toujours l’absence, en creux, et le silence, en écho.
Comme le négatif d’une photo.
Parmi eux, il y a Lynda Lemay.
« Qu'est-ce qu'il fout Dieu le Père
Quand il ne répond pas
Qu'a-t-il de tout puissant
Ce vieux fantôme-là
Qui n'lève pas le p'tit doigt
Pour sauver mon enfant »
Ça aurait été commode de croire en quelque chose pour supporter tout ça. J’ai souvent regretté de ne pas avoir la foi, que ce soit pendant ta grossesse, pour savoir quoi faire, ou depuis, pour savoir quoi en penser. Mais aucune grâce divine ni occulte ne m’a jamais touchée, ni avant, ni pendant, ni après. Je reste seule face à moi-même et à la décision que nous avons prise. Seule. Tous les « vous avez bien fait », « vous avez pris la bonne décision », « vous lui avez évité des souffrances », « vous avez fait ça pour elle » glissent sur moi, ruissellent le long de mes questionnements sans fin et se fracassent contre le mur de ma culpabilité.
Juste un jour « sans », probablement. Ça ira mieux demain, certainement.
On est bien peu de chose
Après l'hospitalisation de Hector la semaine dernière pour déshydratation, Gaspard a manqué de s'étouffer en mangeant ce soir... Au final, ils vont bien et c'est l'essentiel, mais il suffit de peu de choses pour que la fragilité de la vie se rappelle à nous...
Une gastro un peu virulente, une banale fausse route et les sentiments les plus oppressants remontent à la surface, charriant avec eux l'idée que tout peut - de nouveau - basculer...
Le deuil périnatal, c'est avoir tatouée dans son âme la certitude que l'idée de perdre un enfant peut devenir réalité.
Le deuil périnatal, c'est cette lucidité qui nous étreint le cœur à la moindre alerte.
Le deuil périnatal, c'est avoir gravée en soi l'idée que rien n'est acquis, jamais.
Le titre que j'ai choisi spontanément pour ce billet me rappelle une chanson que j'aimais déjà beaucoup avant Élise et qui résonne encore plus depuis elle :
On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l'a dit ce matin
À l'aurore je suis née
Baptisée de rosée
Je me suis épanouie
Heureuse et amoureuse
Aux rayons du soleil
Me suis fermée la nuit
Me suis réveillée vieille
Pourtant j'étais très belle
Oui j'étais la plus belle
Des fleurs de ton jardin
On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l'a dit ce matin
Vois le dieu qui m'a faite
Me fait courber la tête
Et je sens que je tombe
Et je sens que je tombe
Mon cœur est presque nu
J'ai le pied dans la tombe
Déjà je ne suis plus
Tu m'admirais hier
Et je serai poussière
Pour toujours demain
On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Est morte ce matin
La lune cette nuit
A veillé mon amie
Moi en rêve j'ai vu
Éblouissante et nue
Son âme qui dansait
Bien au-delà des nues
Et qui me souriait
Crois celui qui peut croire
Moi, j'ai besoin d'espoir
Sinon je ne suis rien
Ou bien si peu de chose
C'est mon amie la rose
Qui l'a dit hier matin
Mon frère - Maxime Le Forestier
Toi le frère que je n'ai jamais eu
Sais-tu si tu avais vécu
Ce que nous aurions fait ensemble
Un an après moi, tu serais né
Alors on ne se serait plus quittés
Comme des amis qui se ressemblent
On aurait appris l'argot par cœur
J'aurais été ton professeur
À mon école buissonnière
Sûr qu'un jour on se serait battus
Pour peu qu'alors on ait connu
Ensemble la même première
Mais tu n'es pas là
À qui la faute
Pas à mon père
Pas à ma mère
Tu aurais pu chanter cela
Toi le frère que je n'ai jamais eu
Si tu savais ce que j'ai bu
De mes chagrins en solitaire
Si tu ne m'avais pas fait faux bond
Tu aurais fini mes chansons
Je t'aurais appris à en faire
Si la vie s'était comportée mieux
Elle aurait divisé en deux
Les paires de gants, les paires de claques
Elle aurait sûrement partagé
Les mots d'amour et les pavés
Les filles et les coups de matraque
Mais tu n'es pas là
À qui la faute
Pas à mon père
Pas à ma mère
Tu aurais pu chanter cela
Toi le frère que je n'aurai jamais
Je suis moins seul de t'avoir fait
Pour un instant, pour une fille
Je t'ai dérangé, tu me pardonnes
Ici quand tout vous abandonne
On se fabrique une famille
Lady d'Arbanville - Cat Stevens
My Lady D'Arbanville
Why do you sleep so still?
I'll wake you tomorrow
And you will be my fill,
Yes you will be my fill
My Lady D'Arbanville
Why does it grieve me so
But your heart seems so silent
Why do you breathe so low,
Why do you breathe so low
My Lady D'Arbanville
Why do you sleep so still
I'll wake you tomorrow
And you will be my fill,
Yes you will be my fill
My Lady D'Arbanville
You look so cold tonight,
Your lips feel like winter
Your skin has turned to white,
Your skin has turned to white
My Lady D'Arbanville
Why do you grieve me so,
But your heart seems so silent
Why do you breathe so low,
Why do you breathe so low
I loved you my lady
Though in your grave you lie,
I'll always be with you
This rose will never die,
This rose will never die
Toute blanche - Serge Lama
Toute blanche,
Dans ton habit du dimanche
Ils t'ont glissée sous les planches
Avec un chagrin immense
Ils ont fermé tes yeux
Pour l'éternité
Le coeur blême
Je me suis penché quand même
Pour te souffler mon haleine
Mettre du sang dans tes veines
Te réchauffer un peu
Tu n'as pas bougé
Ce dimanche
J'y pense encore mais je flanche
Je te portais des pervenches
Pour parfumer ton silence
Le ciel pour la circonstance
S'est habillé d'éternité
Ça va pas changer le monde - Joe Dassin
C'est drôle, tu es partie
Et pourtant tu es encore ici
Puisque tout me parle de toi
Un parfum de femme, l'écho de ta voix
Ton adieu, je n'y crois pas du tout
C'est un au revoir, presqu'un rendez-vous
Ça va pas changer le monde
Il a trop tourné sans nous
Il pleuvra toujours sur Londres
Ça va rien changer du tout
Qu'est-ce que ça peut bien lui faire
Une porte qui s'est refermée ?
On s'est aimés, n'en parlons plus
Et la vie continue
Ça va pas changer le monde
Que tu changes de maison
Il va continuer, le monde
Et il aura bien raison
Les poussières d'une étoile
C'est ça qui fait briller la voie lactée
On s'est aimés, n'en parlons plus
Et la vie continue
Ça va pas changer le monde
Ça va pas le déranger
Il est comme avant, le monde
C'est toi seule qui as changé
Moi, je suis resté le même
Celui qui croyait que tu l'aimais
C'était pas vrai, n'en parlons plus
Et la vie continue
Musique
En attendant de trouver la force de publier les deux ou trois billets spécifiques que j'ai en tête (certains billets sont plus difficiles à écrire que d'autres, parce que plus intimes ou plus douloureux...), en voici un pour vous prévenir que j'ai créé une page listant les chansons que je publie de temps en temps sur le blog et qui me parlent ou me touchent particulièrement.
La rubrique Pages est accessible dans la colonne de droite, juste en-dessous de la rubrique Catégories.
Telle est ma prière - Kyo
Le temps me vole ce que j'ai de plus cher
Dans mes souvenirs tu rigoles et tu fais tourner la terre
Ce qui me désole et que je désespère
Que ton image s'envole mais il n'y a rien à faire
Tu es ce pourquoi j'ai vécu jusqu'à maintenant
Mais voilà que tu n'es plus, plus rien n'est important
Si seulement j'avais su
Que tu me manquerais autant
Je t'en aurais voulu de t'aimer tant
Apprends-moi à croire qu'on oublie d'avoir mal
Apprends-moi à croire que t'es devenue mon étoile
Mon ange, ma lumière
Mon intime repère
Mon ange, ma lumière
Qui chaque jour m'éclaire
Telle est ma prière
Tu n'avais pas de royaume à tes pieds
Mais je verserai pour toi
Plus de larmes qu'un peuple entier
Et ça ne suffira pas à me faire oublier
Que tu n'es plus
Apprends-moi à croire qu'on oublie d'avoir mal
Apprends-moi à croire que t'es devenue mon étoile
Mon ange, ma lumière
Mon intime repère
Mon ange, ma lumière
Qui chaque jour m'éclaire
Telle est ma prière
Le temps me vole ce que j'ai de plus cher
Dans mes souvenirs tu rigoles et tu fais tourner la terre
Ce qui me désole et que je désespère
Que ton image s'envole mais il n'y a rien à faire
Apprends-moi à croire que t'es devenue mon étoile
Mon ange, ma lumière
Mon intime repère
Mon ange, ma lumière
Qui chaque jour m'éclaire
Mon ange, ma lumière
Mon intime repère
Mon ange, ma lumière
Qui chaque jour m'éclaire
Telle est ma prière