20 mai 2014

Saint-Aubin

Ce soir, j'ai répété dans une chapelle à Saint-Aubin pour un concert que l'on y donne demain.

Avant de prendre la route pour ma répétition, je n'avais pas réalisé que la dernière fois que j'avais mis les pieds dans cette chapelle, c'était le 13 février 2013.

Sur les dernières minutes du trajet, à mesure que l'itinéraire des derniers kilomètres me revenait en mémoire, cette fameuse journée a défilé en accéléré dans ma tête :

  • le matin, la prise de sang pour évaluer le taux de bêta-HCG ;
  • en début d'après-midi, la réception des résultats par email avec ce taux que l'on voulait croire trop élevé pour qu'il ne soit le premier indice que d'une seule petite vie ;
  • dans la foulée, le coup de fil à mon mari, mes parents, mon frère, ma belle-soeur, mes beaux-parents, mon beau-frère ;
  • l'après-midi, l'ultime répétition pour le concert du soir ;
  • le soir, l'annonce de ma grossesse à ma prof d'alto entre la loge et la scène, juste avant le concert ;
  • après le concert, la conversation avec ma copine altiste, pendant sa pause-cigarette, sur le parvis de la chapelle où nous venions de jouer ;
  • sur la route du retour, dans la voiture, diffusée à la radio, cette chanson d'Etienne Daho qui a soudain pris tellement de sens ;
  • de retour chez moi, la douceur des bras impatients de mon mari ;
  • dans la foulée, la joie d'appeler nos amis proches pour leur annoncer la nouvelle tant attendue.

Une madeleine de Proust dont le goût aussi doux qu'amer m'est resté longtemps en bouche ce soir...

chapelle

En relisant le premier billet publié a posteriori sur le blog et daté de ce fameux 13 février, je me trouve bien naïve : Même s'il y a un problème en route, c'est déjà une victoire. A l'époque, le plus gros "problème en route" auquel je pensais, c'était ce qu'on appelle une fausse-couche du premier trimestre. Si j'avais su...


13 février 2014

13

13.

C'est le mercredi 13 février 2013 que j'ai appris que j'étais enceinte. À l'époque, je ne savais pas encore qu'ils avaient "tenu" tous les deux. Cela fait un an aujourd'hui et - bizarrement - je me sens moins mal que ces derniers jours. Ça ne durera peut-être pas mais c'est toujours une journée "avec" de plus.

Le 13 mars prochain auront lieu trois "évènements" importants pour moi à des niveaux différents mais je ne pourrai pas participer à tous. Il me faut choisir l'un d'entre eux :

  • la marche contre l'endométriose à Paris, entre autres : c'est un évènement qui se déroule le même jour dans 35 capitales à travers le monde et dont le but est de médiatiser et faire reconnaître l'endométriose, cette maladie qui touche des millions de femmes à travers le monde. Vous en faites peut-être partie, parfois sans le savoir vous-même ; vous en connaissez certainement dans votre entourage personnel ou professionnel.
  • une des dernières répétitions avant une série de cinq concerts auxquels je dois participer en tant qu'altiste ;
  • un groupe de paroles de l'association Nos tout-petits à Lille, ce qui me donne l'occasion, à chaque fois que j'y participe, de passer quelques jours chez mes parents avec Gaspard.

Vous l'aurez compris : la reconnaissance de l'endométriose et la musique me tiennent à coeur mais rien n'égale la possibilité de me délester un peu de ma douleur, de mes questions, de mes craintes en parlant de ma fille. Alors le 13 mars, je ne serai ni parmi les "Endogirls" ni parmi les musiciens mais "avec" Élise.

 Première marche mondiale contre l'endométriose

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06 janvier 2014

Un pas en avant, un pas en arrière

Aujourd'hui, je reprends la musique, près d'un an après avoir été contrainte à arrêter provisoirement.
Le lundi, cours individuel d'alto. Le mardi, répétition avec l'orchestre de chambre.

Lorsque j'ai dû mettre la musique sur pause en début de grossesse, je m'étais dit que je reprendrais peut-être en janvier 2014. Depuis l'accouchement, je ne m'étais pas projetée dans la reprise de cette activité mais avoir assisté, fin novembre, à un concert d'altistes auquel je devais participer initialement m'a redonné envie.

Me voilà donc sur le point de faire un pas vers la reprise de ma vie d'avant - avant la grossesse, avant la naissance des grumeaux.
Me voilà aussi sur le point de faire un pas dans ma vie d'après - après le décès d'Élise.

Mes sentiments sont partagés.
En reprenant la musique, je replonge quelques mois en arrière, je repense à ce dernier concert joué le 13 février 2013, le jour même où j'ai appris que j'étais enceinte.
En reprenant la musique, je me dis aussi que j'avance, petit à petit, pas à pas. D'aucuns penseront que ça ne peut me faire que du bien mais ne croyez pas que ce soit facile. En ce moment précis, je n'ai qu'une envie : me terrer chez moi et ne voir personne. Alors je vais devoir me faire violence pour retourner vers ce lieu et ces gens que je n'ai pas fréquentés pendant ma grossesse. C'est une étape de plus, bien moins anodine qu'il n'y paraît.

Quand je pense à Élise, je n'ai pas le goût à tout ça mais quand je pense à Gaspard, je me dis que j'ai envie qu'il ait une maman musicienne et qu'il grandisse dans la musique.

Ce n'est pas que j'aie parcouru un long chemin depuis qu'Élise n'est plus là et que je me dise qu'il est temps de me mettre un coup de pied aux fesses - je n'en suis pas là - mais il faut bien un jour reprendre sa vie là où elle s'est arrêtée...

Mon alto

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19 juin 2013

En avant la musique !

Aujourd'hui - et pour la première fois depuis le début de mon arrêt fin février - j'ai ressorti... mon alto !

C'est quoi, un alto ?
C'est comme un violon, mais en un peu plus grand et un peu plus grave (d'une quinte, exactement).

L'idée de lui refrotter les cordes me taraudait depuis un moment mais j'avais la flemme de le sortir de son étui, de chercher les partitions qui me donneraient envie, de l'accorder...

Et puis, à force de lire que les grumeaux commencent à percevoir les sons extérieurs, je me suis dit que c'était le bon moment. Ils ont donc eu droit cette après-midi à une petite sérénade, entre Mendelssohn, Schubert, Paganini, Schumann, Brahms, etc.
Ils ne se sont manifestés ni pendant, ni après : je me dis donc qu'à défaut d'avoir aimé, ils n'ont pas détesté au point de vouloir me faire arrêter :-)

 

Alto
Altiste : Stéphanie Lalizet (Opéra de Rouen)
Photo : David Morganti (http://www.davidmorganti.com/)

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