J'ai testé pour vous...
Près de 2 mois après l’arrivée d’Agathe parmi nous, je prends/trouve (rayer la mention inutile ! ;-)) enfin le temps de revenir dessus !
Le terme était prévu pour le lundi 3 septembre, jour de rentrée scolaire de Gaspard et Hector. J’espérais donc qu’elle soit déjà née, voire que nous soyons de retour à la maison avant cette date, histoire de limiter autant que possible les perturbations de cette journée déjà particulière en soi.
Le mardi 28 août, j’ai choisi d’écouter ma belle-sœur, qui me conseillait de tenter l’homéopathie. Ma pharmacienne m’a donc préparé un cocktail spécial « déclenchement » (on s’entend, hein), que je me suis empressée de commencer dès que je l’ai récupéré.
J’ai pris ma première dose à 18h00... à 19h00, je fissurais la poche des eaux ! Véridique ! Déjà plutôt sceptique (mais pas opposée non plus) quant à l’homéopathie en général, je doute que l’on puisse y voir un lien de cause à effet, mais cet enchaînement prête à sourire, vous en conviendrez ! :-)
Autre anecdote amusante : j’ai toujours entendu dire que faire le ménage en fin de grossesse favorisait en général le déclenchement du travail. Là encore, nous avons choisi de faire confiance à cette idée reçue... sauf que c’est mon mari qui était en train de faire les poussières lorsque j’ai perdu les eaux ! :-)
Bref, suite à cette fissuration, nous nous sommes rendus à la maternité, où ils ont décidé de me garder après un monitoring normal mais toujours sans contractions, en raison du risque d'infection lié à toute fissuration ou rupture de la poche des eaux. Nous avons donc passé la nuit sur place, installés dans une chambre en suites de couches.
Le lendemain matin, en ce mercredi 29 août, j’ai refait un monitoring, toujours normal et toujours sans contractions. Je me suis donc efforcée de marcher et faire des exercices sur un ballon de grossesse pour essayer d’enclencher le travail, sans succès...
Le monitoring de l’après-midi étant toujours exempt de signes annonciateurs du travail, l’équipe a commencé à envisager de poser un ballonnet, un dispositif visant à favoriser la dilatation du col. Et c’est effectivement ce qui a été fait le soir même, non sans mal : elles ont dû s’y mettre à trois et s’y reprendre à deux fois pour y parvenir, ce qui n’a pas été indolore ! Mais une fois le ballonnet en place, rien à signaler hormis une légère sensation de gêne. Je suis donc retournée dans ma chambre vers 22h00 (seule cette fois, mon mari étant rentré chez nous entre-temps), dans l’idée de passer une ultime « bonne » nuit avant la dernière ligne droite !
Le ballonnet, une fois tombé !
C’était sans compter sur l’effet rapide du ballonnet, car, vers 1h00 du matin, j’ai été réveillée par la perte du ballonnet, mais aussi et surtout par des contractions douloureuses et relativement rapprochées ! J’ai hésité à attendre une heure de plus pour voir si ce rythme se maintenait, voire s’intensifiait, mais j’ai finalement décidé d’appeler une sage-femme qui m’a envoyée aux urgences maternité. Je m’y suis rendue « la fleur au fusil », avec mon téléphone et un bouquin, pensant devoir patienter encore de longues heures avant le dénouement. On m’a alors posé un nouveau monitoring en attendant de m’examiner à nouveau. J’ai demandé si je pouvais/devais prévenir mon mari ; on m’a confirmé que oui, mais qu’il pouvait prendre son temps pour arriver. Je l’ai donc appelé pour l’informer que le travail avait vraisemblablement commencé, mais qu’il avait tout le temps de se réveiller et d’avoir les idées claires pour parcourir les 45 km qui séparent notre domicile de la maternité.
Dans les minutes qui ont suivi, je me suis donc retrouvée seule en salle de monitoring à voir que le rythme cardiaque d’Agathe faiblissait considérablement à chacune des contractions, désormais rapprochées, régulières et de plus en plus douloureuses. Dès que la sage-femme, Héloïse, est revenue, je lui en ai parlé et elle a pu le vérifier sur le tracé. Elle m’a alors demandé de m’installer sur le côté gauche pour voir si cela soulageait Agathe. Lorsqu’elle est revenue peu après, elle a constaté que le cœur d’Agathe ralentissait toujours aussi fort (à peine 60 de pulsation cardiaque) et a été rejointe par sa collègue, Camille, qui m’a alors examinée. C’est à ce moment-là que tout s’est emballé.
À peine Camille a-t-elle commencé à examiner mon col qu’elle s’est exclamée, à l’intention de sa collègue : « J’ai le cordon ! ». Panique dans ma tête, dans mon cœur, dans ma voix : « Oh noooon !... ». Sans même savoir de quoi il retournait précisément, mais en entendant le terme « cordon » et en découvrant la surprise et l’inquiétude dans la voix et le regard de Camille, j’ai instantanément pensé à mon amie Laurie et à son petit Clément, décédé d’une multiple circulaire du cordon à quelques jours du terme, et je me suis vue basculer, à nouveau, du mauvais côté de la naissance... Un branle-bas de combat s’est alors enclenché : en quelques secondes, on m’a expliqué qu’on allait partir en césarienne d’urgence, car le cordon était engagé avant Agathe. Sur le coup, je n’ai évidemment pas bien saisi les tenants et les aboutissants de ce problème, j’ai juste compris que c’était grave et urgent. J’ai alors entendu et vu Héloïse appeler le reste de l’équipe (gynécologue, anesthésiste, aides-soignantes, brancardiers) sous l'injonction de Camille : « On part en césarienne d’urgence code rouge ! ».
Je me vois encore partir sur mon brancard de salle de monitoring vers le bloc obstétrical.
Je vois encore Camille, montée sur le brancard, à califourchon sur ma jambe, qui est obligée de maintenir sa main dans mon vagin, au prix d'un effort physique intense et durable, pour refouler la tête d’Agathe et éviter ainsi toute compression du cordon, ce qui privait Agathe d’oxygène.
Je vois encore la gynécologue arriver en quelques secondes, en train d’enfiler sa blouse.
Je l’entends encore qui demande à Camille si c’est « une latérocidence ou une procidence ».
J’entends encore Camille qui confirme qu’elle sent le cordon devant et qu’il s’agit donc d’une procidence.
Je m’entends encore répéter, apeurée, perdue, incrédule, tentant vainement de retenir mes larmes : « Vous me la perdez pas ! Vous me la perdez pas ! ».
J’entends encore l’aide-soignante essayer de me rassurer de mon entrée au bloc à mon endormissement.
Je me vois encore passer du brancard à la table d’opération.
Je sens encore la main de l’aide-soignante dans la mienne.
J’entends encore la gynécologue me dire, alors que je ne suis même pas encore prête à être anesthésiée, qu’elle commence à préparer l’intervention pour ne pas perdre de temps.
Je la sens encore me badigeonner le ventre au moment où je reçois le masque à oxygène.
J’entends encore l’anesthésiste me demander de décompter de 10 à 0. (La bonne blague ! Quelqu’un en train de subir une anesthésie générale a-t-il jamais réussi à dépasser 8 ?! :-))
Et puis c’est le trou noir.
Le trou béant.
Dans mon ventre, dans ma vie, dans ma mémoire.
Agathe est née à 1h59 ce jeudi 30 août 2018.
Même si je n’ai pas vraiment de doutes, je suis bien obligée de croire ce qu’on me dit puisque je n'étais pas vraiment là lors de sa naissance... Quelle frustration...
J’ouvre les yeux en salle de réveil vers 3h30 du matin. Je suis encore dans les vapes, évidemment. Mon mari est à mes côtés. Je demande comment va Agathe : « elle est en néonat’, je suis allé la voir, elle va bien ». Le soulagement me pousse à remercier chaque personne que je vois.
Je remercie les aides-soignantes, pour leur présence.
Je remercie Camille, qui n’en finit pas de s’excuser de m’avoir « maltraitée » (il est vrai que l’intimité que nous avons partagée lorsqu’elle refoulait la tête d’Agathe n’était pas des plus agréables, mais quelle importance, honnêtement ?!) et de m’avoir à peine expliqué ce qui se passait (elle m’a dit tout ce que j’étais capable d’entendre sur le moment, ça m’a suffi, alors je lui réponds que je m’en fiche et que ce n'était pas moi qui comptais).
Je remercie la gynécologue, qui prend le temps de venir m’expliquer ce qui s’est passé.
Je ne le dis à personne, mais je remercie aussi la vie.
J’ai appris par la suite que lors d’une « césarienne code rouge », le bébé doit naître en moins de 15 minutes eu égard à l’urgence de la situation : entre la détection de la procidence du cordon et la naissance d’Agathe, 12 minutes se sont écoulées !
Au cours des 12 petites heures qu’Agathe a passées en réanimation néonatale, mon mari a pu la voir dès son arrivée ; nous y sommes ensuite allés tous les deux à ma sortie de la salle de réveil, avant d’y retourner en fin de matinée. Et alors que nous étions en train de déjeuner dans ma chambre, une aide-soignante nous a fait la surprise de nous l’y amener : la pédiatre venait de vérifier le tracé de son encéphalogramme, qui était « strictement normal », et donc d'autoriser sa sortie du service. Nous avons alors pu commencer à nous découvrir, après cette arrivée rocambolesque et inattendue !
Au-delà des intenses émotions vécues sur le moment, cette naissance m'inspire plusieurs réflexions.
- Pour cet accouchement, je souhaitais une naissance plus naturelle, plus douce, plus physiologique. Je m'étais même mis en tête d'essayer de me passer de la péridurale. Finalement, j'ai réussi : je n'ai effectivement pas eu de péridurale ! (Comment ça, l'anesthésie générale, ça compte quand même ?! :-P)
Trêve de plaisanterie... :
- Cette naissance rappelle bien que rien n'est acquis lors d'une grossesse ou d'un accouchement. Malgré les angoisses et les quelques alertes de ces 9 mois, rien ne laissait présager que tout se finirait en urgence médicale ! Alors quand j'entends dire que plus rien ne peut mal se passer à quelques jours ou heures du terme, cela me hérisse le poil !
- Je me réjouis d'avoir à nouveau choisi d'accoucher dans une maternité de niveau 3, c'est-à-dire dotée d'une unité de réanimation néonatale. Même si Agathe n'en a eu besoin que quelques heures, cela nous a évité d'avoir à être transférées dans un autre établissement !
- Quelle ironie que ce cordon qui nourrit et fait vivre un bébé pendant toute grossesse puisse devenir dangereux, voire mortel...
- Je n'ose imaginer où nous en serions aujourd'hui si je n'avais pas déjà été sur place ou si j'avais ne serait-ce qu'attendu plus longtemps pour signaler mes contractions...
Mais MERCI LA VIE : AGATHE EST PARMI NOUS ET EN PLEINE FORME ! :-)
(En revanche, je préfère laaaargement l'accouchement par voie basse à la césarienne... Je vous expliquerai pourquoi bientôt !)
Jeudi 30 août 2018
Agathe est née le jeudi 30 août 2018 à 01h59.
(Je reviendrai prochainement sur cet accouchement qui est loin de s'être deroulé comme nous l'imaginions...)
J'vous ai pas dit !
Pour Élise et Gaspard, j'avais pris 14 kg. "Seulement", j'ai envie de dire ! :-)
Pour Hector, j'avais pris 10 kg. "Seulement" aussi, j'ai toujours envie de dire ! :-)
Et cette fois-ci, alors que je m'apprête à rentrer dans mon sixième mois, j'en suis à... -5 kg ! Oui oui ! Je n'ai effectivement pas pris un gramme et j'en ai même perdu 5000 en tout début de grossesse : merci le manque d'appétit le premier mois (c'était sympa, Noël et Nouvel an !) et merci la grippe le deuxième mois ! Et depuis, je continue à manger correctement, de façon variée et équilibrée.
Même s'il me reste 4 mois, cela m'apporte une certaine satisfaction et un soulagement certain : ce sera toujours ça de moins à perdre après ! :-)
Comme dans un jeu vidéo
Comme nous l'espérions, nous avons reçu la semaine dernière le résultat du DPNI : il est NÉGATIF ! Cela veut donc dire qu'il est certain à plus de 99% que ce bébé n'est pas atteint de trisomie 13, 18 ou 21 ! Un véritable soulagement, évidemment, "même si"...
Nous avons également passé l'échographie du deuxième trimestre, la troisième déjà, sans compter les trois toutes premières réalisées en janvier dans le service d'AMP pour surveiller l'évolutivité de la grossesse.
Nous en avions réalisé une il y a un peu moins d'un mois, au même stade que celui auquel les malformations d'Élise avaient été détectées et qui s'était avérée rassurante, même si la récidive ne nous inquiétait pas plus que cela dans la mesure où nous nous sommes faits à l'idée que le syndrome polymalformatif d'Élise n'est que le résultat de la "faute à pas de chance", en l'état actuel des connaissances scientifiques du moins.
L'échographie réalisée vendredi dernier n'a elle non plus rien détecté. Je ne dirai pas que tout va bien, car ce n'est jamais le message d'une échographie ! Cela reste un examen médical, qui dépend de nombreux facteurs. Comme cela est explicitement indiqué dans le compte rendu du gynécologue, ce que nous pouvons en retenir, c'est "l'absence d'anomalie morphologique échograohiquement décelable à ce jour".
Par précaution et dans son état d'esprit un peu "jusque-boutiste", notre échographiste va demander à l'une de ses collègues de réaliser ce qu'il appelle une échographie de référence, pour avoir un deuxième regard, compte tenu de notre parcours. Sans compter l'échographie qu'il veut me faire passer vers 28 semaines d'aménhorrée pour je ne sais plus quelle raison précise et celle du 3e trimestre, j'en serai à peu près à 1 échographie par mois, comme pour la grossesse de Hector.
Mais comme deux bonnes nouvelles rassurantes n'arrivent jamais seules, deux bémols se sont fait entendre.
Le premier, c'est que j'ai pour l'instant un "placenta bas inséré" (également appelé "placenta praevia") qui se situe à 2 cm du col. Il a encore pleinement le temps de remonter pour mieux se placer d'ici la fin de la grossesse mais il implique actuellement du repos et l'interdiction de porter. Si la situation perdure, il faudra envisager d'autres mesures plus radicales, mais gardons en tête que je n'en suis pas encore là !
Le deuxième, c'est que j'ai un taux de HCG nettement supérieur à la normale. Cela est apparemment synonyme de risque d'hypertension (et donc de pré-éclampsie) et de retard foetal.
La surveillance est donc de mise et la sérénité définitivement jetée aux oubliettes !
Moi qui rêvais d'une grossesse tranquille, dans mon coin, avec ma sage-femme et les 3 échographies réglementaires, je crois que j'ai refilé ma place à quelqu'un d'autre à mon insu !
Avec ce lot de petites ou grandes annonces plus ou moins graves, plus ou moins impactantes, j'ai parfois l'impression d'être dans un jeu vidéo. Je me sens comme un petit vaisseau spatial qui doit éviter les météorites : les trois principales trisomies, c'est fait ; la récivide des malformations d'Élise, c'est fait. Mais reste encore ce qui, je l'espère, ne restera que des turbulences pour cette deuxième moitié de grossesse !
L'attente
Il y a près d'un mois, nous avons reçu un résultat d'analyse que nous n'attendions pas.
Lors de notre premier rendez-vous avec le gynéco qui suit désormais cette grossesse, celui-ci avait un sacré retard (chronique, vraisemblablement, étant donné les quelques rendez-vous qui ont suivi et qui ont été du même acabit, voire pire !), qui a donné lieu à une certaine confusion. Confusion dans laquelle a été réalisée une prise de sang dont nous avions compris qu'elle ne devait servir qu'à déterminer le rhésus du bébé, rapport à mon propre rhésus négatif, potentiellement dangereux si celui du bébé est positif (et c'est confirmé : le bébé est de rhésus positif).
Or, lors du rendez-vous suivant auquel je me suis rendue seule, le gynéco m'a informée d'un autre résultat établi à partir de cette même prise de sang : le tri-test, c'est-à-dire les marqueurs sériques de la trisomie 21. Et il s'avère que je suis quasiment dans la catégorie à "risque accru". Cette limite est fixée à 1/250 et je suis à 1/286. À 36 près, donc, sur une échelle de plusieurs centaines ou milliers !
Quasiment
Ce quasiment est important à double titre. Premièrement, si je ne suis pas officiellement en risque élevé, je n'en suis pas loin et cela suffit à faire naître angoisses et doutes.
Deuxièmement, cette nuance a une incidence sur le suivi de la grossesse et la prise en charge de ce suivi. Lorsque l'on est à risque accru, on se voit systématiquement proposer une amniocentèse, entièrement prise en charge par la sécurité sociale. Lorsque l'on n'est pas en risque accru, le gynéco est légalement obligé de nous informer de la possibilité de réaliser une prise de sang supplémentaire (appelée DPNI, pour diagnostic prénatal non invasif, et qui recherche les trisomies 13, 18 - létales - et 21), fiable à 99%, mais qui n'est absolument pas prise en charge par la sécurité sociale (ni par notre mutuelle, contrairement à d'autres, sous prétexte - je cite - qu'elle n'est "pas prise en charge par la sécurité sociale"... Excusez-moi si je me trompe mais l'intérêt d'une mutuelle n'est-il pas de prendre le relais de la sécu ?! Bref...). Le seul hic, c'est que cette analyse coûte la modique somme de 390€ ! Je croyais que la médecine à deux vitesses n'existait pas de notre côté de l'Atlantique... Force est de constater que j'étais plutôt naïve ! Pour résumer, ce tri-test permet potentiellement au médecin d'ouvrir la boîte de Pandore, qui est ensuite obligé de dire aux parents "débrouillez-vous avec le résultat. Si vous avez les moyens, tant mieux ; sinon, prenez vos angoisses en patience jusqu'à la naissance !". À mon sens, il vaudrait mieux annoncer la couleur jusqu'au bout avant même de réaliser le tri-test !
Nous ne voulions pas savoir
Sans parler des angoisses qui nous taraudent depuis l'annonce de ce résultat - angoisses qui seront soit levées soit confirmées la semaine prochaine normalement - ce qui me fait enrager est que nous ne voulions PAS faire ce tri-test ! Pour Élise et Gaspard, la question ne s'était pas posée, car cette analyse ne se justifie vraisemblablement pas en cas de grossesse multiple, faute de pertinence. Pour Hector, la question s'était posée, mais compte tenu des informations dont nous disposions (clarté nucale peu épaisse, âge maternel peu avancé), nous avions refusé. Or, même si j'ai aujourd'hui 4 ans de plus que pendant la grossesse de Hector, mon âge reste peu élevé à cet égard et la clarté nucale est cette fois encore peu épaisse ! Et voilà que nous traversons une zone de turbulences dont nous n'avions franchement pas besoin, tout ça pour - appelez ça comme vous voulez - un malentendu, une désinformation ou un manque de communication... Pfff...
"Même si"
Grâce à la générosité de notre entourage, nous avons pu faire cette analyse sereinement d'un point de vue financier et attendons donc maintenant les résultats d'ici quelques jours a priori. Et je dois dire que je suis actuellement animée autant par l'impatience que l'inquiétude... Même si nous n'avons pour l'instant aucune décision à prendre, cette période d'attente nous projette malgré nous dans une situation où nous devrons peut-être à nouveau choisir...
Même si la vie avec un enfant porteur de trisomie ne ressemblerait vraiment pas à celle que j'imaginais, je ne me vois pas aujourd'hui revivre une interruption médicale de grossesse... Mais est-ce une raison suffisante pour prendre une telle décision ?! Je sais que des demandes d'IMG sont accordées pour trisomie 21 (tout comme certaines sont refusées), c'est donc que la question mérite d'être posée, non ?! Mais si le "critère" que je m'étais fixé pour Élise (pouvoir échanger avec elle, n'importe quoi, n'importe comment... un regard, un sourire, une émotion...) est rempli pour cet enfant qui ne serait "que" T21, pourquoi faudrait-il se poser la question ?!
Avec mon mari, nous sommes a priori décidés à garder cet enfant "même si". Mais ce n'est pas pour autant que l'attente est sereine. Nous le garderons "même si", mais ce n'est pas de cet enfant, pas de cette vie que je veux... Et ce sentiment est aussi contradictoire que culpabilisant... Décider d'accueillir un enfant dont ne voudrions pas, ça me tourmente...
J'avoue avoir du mal à comprendre le sens de tout ça si au final tout se résume à une fausse alerte... C'est pourtant ce que j'espère profondément...
Symptômes
Nous saurons avec l'échographie prévue dans quelques jours si le haricot est toujours là et comment il va pour l'instant. En attendant, quelques indices me laissent penser que je suis toujours enceinte.
Comme l'an dernier, ce début de grossesse est placé sous le signe de la fatigue. Mais, à la différence de ma première grossesse, grasses mat' et siestes ne sont plus vraiment au rendez-vous avec un crapaud sur lequel veiller :-)
Il semblerait également que ma poitrine se prépare à un nouveau changement.
Et surtout, mes "envies de fraises" commencent à ressurgir.
La première de cette nouvelle grossesse, c'était hier.
Il était un peu plus de 9 heures du matin.
Gaspard dormait encore.
Mon homme et moi nous apprêtions à petit-déjeuner.
La table était mise.
Le café coulait. Le lait chauffait. Le beurre ramollissait.
Le pot de Nutella attendait qu'on lui règle son compte une bonne fois pour toutes.
Et c'est là que j'ai été prise d'une irrésistible envie de... sauce au poivre !
Pas d'un bon morceau de viande grillée assaisonné d'un peu de sauce au poivre.
Non, de sauce au poivre tout court, sans rien à assaisonner.
De sauce au poivre à dévorer déguster à la petite cuiller directement dans le pot.
Et pourtant je me suis retenue.
Mais je me suis vengée le soir en savourant de la sauce au poivre assaisonnée de saucisses au barbecue. Non mais !
Traces
Il n'y a pas que dans mon coeur que les grumeaux ont laissé leur empreinte...
Je vais définitivement pouvoir participer au projet "A beautiful body" de Jade Beall !
Jeudi 19 septembre 2013
Élise est née sans vie le jeudi 19 septembre 2013 à 00h22.
Gaspard est né le jeudi 19 septembre 2013 à 00h27.
Mercredi 18 septembre 2013
Élise, notre petite étoile filante, a rendu son dernier souffle dans mon ventre mercredi 18 septembre 2013 à 12h15.
J'ai dans les bottes des montagnes de questions
Où subsiste encore ton écho...
Alain Bashung