Voilà, je craque.
En cette journée symbolique de sensibilisation au deuil périnatal, 6 ans et 26 jours plus tard, je craque : je publie sur Internet une photo de mon bébé mort, de mon bébé, de mon enfant, de ma fille, de mon Élise.
Crédit photo : notre lointaine, mais indéfectible amie Chrystelle
Bien sûr, cette photo est "soft". On devine à peine Élise, on ne peut même pas la reconnaître, on ne voit rien de ses malformations, on ne peut même pas comprendre - si on ne le sait pas déjà - qu'elle n'est pas vivante sur cette photo.
Mais j'avais ce besoin inexplicable, dévorant, inextinguible, vorace, viscéral de montrer ma fille, comme pour dire au monde qu'elle a vécu, qu'elle a existé, qu'elle existe. De faire comprendre avec du concret - pas juste avec des mots, des émotions, de l'intangible - que je ne pleure pas un fantôme, qu'elle était faite de chair et d'os (et d'un peu trop d'eau aussi... putain d'hydrocéphalie) et de beaucoup d'amour.
Je regretterai peut-être ce billet, peut-être même au point de le retirer du blog (ou du moins la photo), car depuis le début, je me refuse à l'exposer sur Internet, au milieu d'innombrables envies toujours réprimées de déroger à cette règle.
Mon mari, qui n'est pas encore au courant, sera peut-être dérangé par ce billet et s'il le souhaite, je le retirerai.
Bref, ce billet est très impulsif, il vient tout droit de mon coeur de maman qui souffre, qui crève de ne pas pouvoir serrer sa fille dans ses bras, de ne pas pouvoir lui parler, lui montrer le chemin que je croirais bon pour elle, lui donner les armes et les outils pour affronter ce monde, l'ouvrir à ses trésors et richesses intérieurs pour trouver sa place sur cette planète.
Mon mari, qui n'est pas encore au courant, sera peut-être dérangé par ce billet et s'il le souhaite, je le retirerai.
Bref, ce billet est très impulsif, il vient tout droit de mon coeur de maman qui souffre, qui crève de ne pas pouvoir serrer sa fille dans ses bras, de ne pas pouvoir lui parler, lui montrer le chemin que je croirais bon pour elle, lui donner les armes et les outils pour affronter ce monde, l'ouvrir à ses trésors et richesses intérieurs pour trouver sa place sur cette planète.
Au final, je crois que si je publie ce billet aujourd'hui, ce n'est pas un hasard. (En écrivant cela, je pense à mon amie Hélène, fondatrice de Souvenange, pour qui "il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous".) En fait, je me réjouis que la Journée de sensibilisation au deuil périnatal existe, évidemment, car cela met en lumière ce sujet si méconnu. Mais ce que je dépllore, c'est que j'ai la sensation que les gens ne voient derrière cela qu'un "concept", une idée, une notion.
Non, le deuil périnatal, ce ne sont pas des statistiques ("7000 familles par an en France", 7000 ! Plus que la sécurité routière, quoi !) et ce n'est pas un calendrier bien précis ("du cours de la grossesse aux premiers jours de vie").
Le deuil périnatal, ce sont des bébés, des enfants, des êtres vivants, des êtres humains qui meurent et qui ouvrent derrière eux un océan de chagrin, un abîme de solitude et un enfer de culpabilité.
Le deuil périnatal, c'est la vie et la mort qui s'entremêlent, c'est le destin qui te violente à un point inimaginable, c'est la vie qui te met à terre en te faisant croire que tu ne te relèveras jamais.
Le deuil périnatal, c'est du concret : au choix, selon les circonstances, décider de tuer ton enfant ("pour son bien"...), accoucher de ton bébé déjà mort, le mettre au monde sans lui donner la vie, ne jamais l'habiller ou le changer ni même poser tes mains sur sa peau nue et sentir sa chaleur t'envahir le coeur, aller le voir à la morgue, lui choisir un cercueil au lieu d'un berceau.
Le deuil périnatal, c'est un vide au quotidien. Qui se remplit aléatoirement de mille choses. Mais remplissez-le de tout ce que vous voudrez, mettez-y les plus jolies choses, les plus belles surprises du destin, les plus grandes joies de la vie : le vide sera toujours là, quelque part, en-dessous.
Le vide. Le manque.
Élise manquera toujours pendant l'histoire du soir. Élise manquera toujours à table. Élise manquera toujours dans le planning chronométré du matin. Élise manquera toujours dans les larmes et les rires de notre famille. Élise manquera toujours dans nos projets.
Élise, c'est pas juste un bonus qu'on n'a pas eu, une promesse qui n'a pas été tenue. C'est une petite fille qui manque à nos vies. À chaque instant.
Le deuil périnatal, ce sont des bébés, des enfants, des êtres vivants, des êtres humains qui meurent et qui ouvrent derrière eux un océan de chagrin, un abîme de solitude et un enfer de culpabilité.
Le deuil périnatal, c'est la vie et la mort qui s'entremêlent, c'est le destin qui te violente à un point inimaginable, c'est la vie qui te met à terre en te faisant croire que tu ne te relèveras jamais.
Le deuil périnatal, c'est du concret : au choix, selon les circonstances, décider de tuer ton enfant ("pour son bien"...), accoucher de ton bébé déjà mort, le mettre au monde sans lui donner la vie, ne jamais l'habiller ou le changer ni même poser tes mains sur sa peau nue et sentir sa chaleur t'envahir le coeur, aller le voir à la morgue, lui choisir un cercueil au lieu d'un berceau.
Le deuil périnatal, c'est un vide au quotidien. Qui se remplit aléatoirement de mille choses. Mais remplissez-le de tout ce que vous voudrez, mettez-y les plus jolies choses, les plus belles surprises du destin, les plus grandes joies de la vie : le vide sera toujours là, quelque part, en-dessous.
Le vide. Le manque.
Élise manquera toujours pendant l'histoire du soir. Élise manquera toujours à table. Élise manquera toujours dans le planning chronométré du matin. Élise manquera toujours dans les larmes et les rires de notre famille. Élise manquera toujours dans nos projets.
Élise, c'est pas juste un bonus qu'on n'a pas eu, une promesse qui n'a pas été tenue. C'est une petite fille qui manque à nos vies. À chaque instant.