Malgré moi
En ce moment, le moral n'est pas très haut, c'est le moins que l'on puisse dire. Certains d'entre vous s'en sont aperçus à la lecture des derniers billets. Je n'ai pourtant pas identifié d'élément déclencheur particulier. J'imagine qu'il s'agit "juste" d'un "bas", qui a été précédé et sera probablement suivi d'un "haut".
Toujours est-il que je suis en ce moment hyper sensible et incapable de gérer des émotions qui se rapprochent trop de ce que nous avons vécu avec Élise. J'ai en tête trois exemples précis et récents.
Le premier remonte à vendredi soir, lors de la conférence organisée par Endofrance sur le thème "Endométriose et douleur" avec pour intervenants Isabella Chanavaz-Lacheray, une gynécologue-obstétricien spécialiste de l'endométriose qui a abordé concrètement les caractéristiques de cette maladie protéiforme, deux médecins anesthésistes qui ont parlé de la prise en charge de la douleur et de l'hypnose et, pour finir, Sophie Bonnet, la psychologue qui nous suit, qui a évoqué le soutien psychologique qu'elle peut proposer aux femmes et couples confrontés à l'endométriose, entre autres à travers l'hypnose.
De ces quatre présentations, j'ai surtout retenu le discours sur la "douleur" - qui concerne d'abord le corporel - qui résonnait tellement en moi, pour peu que l'on remplace ce terme par "souffrance" - davantage liée au psychisme. J'ai par ailleurs été spécialement attentive aux discours sur l'hypnose et l'auto-hypnose.
À la fin de la conférence, Mme Bonnet et moi nous sommes saluées. Et pour toute réponse à sa question "Comment allez-vous ?", j'ai fondu en larmes. Elle m'a alors proposé que l'on se voie dans les jours à venir, et non en janvier comme prévu lors de notre dernier rendez-vous début octobre. Je pense évoquer avec elle l'idée de tenter l'hypnose. Je ne suis ni sceptique ni convaincue ; je ne demande qu'à voir et me sens prête à accepter une nouvelle forme d'aide, sans pour autant savoir quels bénéfices je peux en attendre.
Le deuxième exemple remonte à hier soir. Nous avons essayé de nous distraire devant "Braquage à l'anglaise", diffusé sur France 2, mais, après un quart d'heure à ne rien comprendre et à nous ennuyer, nous avons basculé sur M6, qui diffusait un numéro de Zone interdite consacré à l'euthanasie, notamment à l'histoire de Vincent Humbert et de sa famille. Malheureusement, nous sommes tombés précisément au moment où son épouse, favorable à l'arrêt des soins - contrairement aux parents de son mari, lisait un extrait d'une lettre qu'elle a reçue de militants anti-euthanasie. Je n'ai pu retenir mes larmes face à la souffrance qu'elle éprouvait indéniablement en lisant ces mots bien-pensants et accusateurs - une souffrance et des mots qui faisaient douloureusement écho à ce billet publié l'an dernier (et surtout à un certain commentaire) et à la réponse que j'y avais apportée. Je n'ai pas pu aller plus loin dans cette émission.
Le troisième exemple remonte à quelques heures à peine. L'épisode de Plus belle la vie (personne n'est parfait ! :-)) de ce soir s'est ouvert de façon inattendue sur la mort d'une adolescente. S'en sont suivies l'annonce du décès à la maman et la visite de cette dernière auprès de sa fille à la morgue. Je ne suis pourtant pas du genre à me laisser attendrir devant ce feuilleton mais il m'a été impossible de lutter ce soir, d'autant plus que l'adolescente en question s'appelle... Élise ! Une Élise qui décède (même pour de faux) le jour de la Sainte Élise, la veille des 14 mois du décès de mon Élise... Comment rester indifférente ?
Une histoire de prénoms... encore !
Aujourd'hui, c'est la Sainte Élise. Enfin, c'est l'une des Saintes Élise, car il en existe plusieurs mais le 17 novembre est vraisemblablement le jour où les Élise sont le plus fêtées. Alors je souhaite une bonne fête à ma princesse des nuages, à mon étoile filante, même si ça n'a pas de sens. De toutes façons, rien n'a de sens par rapport à Élise.
En ce jour un peu spécial, j'ai envie de vous parler - encore - des prénoms de nos enfants, de leurs prénoms secondaires plus précisément.
Ce n'est plus un mystère : Gaspard a pour deuxième et troisième prénoms Paul et Marceau, les prénoms qui auraient été ceux des jumeaux s'ils avaient été deux petits mecs.
Si le destin d'Élise n'avait pas viré au tragique, nous avions prévu de nous amuser avec les autres prénoms de Gaspard mais, lors des déclarations à l'état civil, le coeur n'y était pas. Nous avions donc laissé tomber l'idée avant de l'envisager à nouveau pour Hector, même si mon mari ne semble pas complètement décidé. Cette idée, c'est de lui donner pour deuxième et troisième prénoms Melchior et Balthazar ;-) A vrai dire, j'aime beaucoup le prénom Balthazar mais avec un petit Gaspard dans la fratrie, c'est définitivement impossible alors autant s'en amuser et devancer les blagues auxquelles nous avons déjà eu droit et aurons encore droit !
Quant à Élise, nous n'avions pas d'idée particulière, même avant que son histoire ne change de trajectoire. Nous souhaitions pourtant ne pas faire de différence entre nos enfants mais l'inspiration ne venait pas. Et puis, il y a quelques semaines, mon mari et moi sommes tombés d'accord sur une suggestion que je lui ai faite. Nous nous sommes donc renseignés auprès du service d'état civil de la ville de naissance des grumeaux sur l'ajout d'un deuxième prénom a posteriori - sans préciser le prénom dans un premier temps, simplement pour connaître la marche à suivre. Notre interlocutrice nous a confirmé l'accord de principe du Procureur de la république, à qui nous avons adressé il y a quelques jours un courrier précisant le prénom choisi afin d'officialiser notre demande. Nous ignorons dans quel délai Élise aura officiellement un deuxième prénom ; pour l'instant, nous espérons surtout que notre choix sera accepté, car, bien que cela ne nous ressemble pas, le prénom que nous avons choisi n'en est pas vraiment un. Mais il nous semble tellement bien lui aller...
Ce "prénom", c'est Éphémère.
Cela vient du grec et signifie "qui ne dure, ne vit qu'une journée". Ce prénom ne lui va-t-il pas à merveille, elle qui n'a qu'une date officielle, celle de sa naissance sans vie ?