09 octobre 2014

Cela va parfois mieux sans dire

Ce billet, il y a longtemps que je l'ai en tête. Depuis que l'on sait que je suis à nouveau enceinte, je crois. J'ai attendu, sans raison, avant de me décider à le rédiger et à le publier. Et puis il y a eu un déclic, avec ce qui est arrivé à "pastoutàfaitpapa". C'est d'ailleurs parce que ce déclic est lié à son histoire que j'ai préféré vous parler de lui au préalable.

J'avais déjà pensé à tout ça avant d'être à nouveau enceinte mais maintenant que je le suis, mon appréhension est encore plus pregnante. Je fais référence à toutes ces phrases que je redoute que l'on me dise ou que je regrette que l'on m'ait dites.

Ne me dites plus...

"Ah ! Tu fais comme moi !"
C'est ma grand-mère, la seule de mes grands-parents qui soit encore là, qui m'a sorti ça alors que je venais de lui annoncer que nous attendions un autre petit garçon. Ma grand-mère, qui n'a eu que des fils. Ma grand-mère, qui a perdu son deuxième fils à l'âge de 7,5 mois. Ma grand-mère, qui n'a pas compris que je suis aussi maman d'une petite fille...

"J'espère que ce sera une fille."
C'est la grand-mère de mon mari, elle aussi la seule de ses grands-parents qui soit encore là, qui m'a "souhaité" ça, alors que nous ne connaissions pas encore le sexe, comme si le fait d'avoir une autre petite fille pouvait adoucir l'absence d'Élise. Comment lui faire comprendre qu'au-delà de toute considération psychologique, le sexe nous importe si peu, pourvu que notre enfant naisse vivant et en pas trop mauvaise santé ? Comment lui faire comprendre qu'Élise ne sera jamais remplacée par une autre petite fille, que son absence ne sera jamais compensée par la présence d'une autre petite fille ?

Et ne me dites pas non plus...

"Il n'y a pas de raison."
Il n'y a pas de raison que ça se passe mal pour ce bébé, soit. Cela veut dire qu'il y avait une raison pour que le destin d'Élise vire au tragique ?!

"Tout va bien se passer."
Qu'en savez-vous ?!

"La foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit."
J'ignorais que chacun avait un quota de malheurs à vivre sur Terre et que le décès d'Élise allait nous prémunir contre un autre drame. Alors comment expliquez-vous que certains parents aient à survivre à plusieurs de leurs enfants ?!

Je sais que ces paroles se veulent réconfortantes mais c'est exactement le but contraire qui est atteint à chaque fois. Je n'ai pas besoin d'entendre des paroles qui sonnent tellement faux à mes oreilles. Personne ne sait la tournure que va prendre cette grossesse. Le fait d'avoir perdu Élise et le fait que cette grossesse se déroule bien pour l'instant ne nous mettent à l'abri de rien.
Voulez-vous que je vous parle de ces grossesses qui se déroulent à merveille, jusqu'à l'accouchement qui se passe mal au point d'en devenir fatal pour le bébé ?
Voulez-vous que je vous parle de ces bébés qui s'épanouissaient pleinement dans le ventre de leur mère jusqu'à ce que leur cordon, qui les reliait à la vie, signe leur arrêt de mort ?
Voulez-vous que je vous parle d'Agnès, qui a perdu trois de ses cinq enfants avant la naissance ? De Stéphanie, qui a perdu ses deux fils avant d'avoir sa fille ? De Roxane, qui a perdu son fils, puis sa fille ? De Valérie, qui a perdu ses jumeaux fille et garçon ? De Marina, qui a perdu sa fille, puis son fils ?

Vous avez compris où je voulais en venir. Je me contenterai donc de vous recommander deux billets précis de pastoutàfaitpapa : "avec des mots d'enfant" et "mais moi je voulais une petite soeur".

Alors épargnez-moi ces phrases toutes faites et ces remarques vides de sens, s'il vous plaît. Je m'efforce de ne pas sombrer dans la paranoïa par rapport à cette nouvelle grossesse mais je n'ai pas besoin de ces commentaires qui ne font plus écho à ma réalité.

Posté par Tannabelle à 22:24 - - Commentaires [1] - Permalien [#]
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Pas tout-à-fait papa

Il y a bientôt cinq mois, j'ai découvert un blog tenu par quelqu'un qui avait perdu, quelques mois plus tôt, sa deuxième fille, à 8 mois de grossesse. Les blogs traitant du deuil périnatal sont peu nombreux et les blogs de ce "genre" le sont encore plus, puisque son "originalité" réside dans le fait qu'il est tenu par un papa. Pour une fois qu'un papa ose, à raison, prendre la parole, je ne peux que vous inciter à l'écouter - à le lire, pour être précise.

La sollicitude, les encouragements, les tentatives de réconfort sont quasiment exclusivement adressés à la maman.
Rares sont les personnes qui comprennent que le papa AUSSI a perdu un enfant.
Rares sont les personnes qui demandent des nouvelles du papa, alors que la maman est au coeur de toutes les inquiétudes (quand elles existent).
Rares sont les personnes qui comprennent que ce n'est pas moins difficile pour le papa sous prétexte qu'il n'a pas porté ou mis au monde son enfant. J'aurais pu dire "au contraire" mais ce ne serait pas exact. Ce n'est pas plus difficile pour le papa ou la maman. De toutes façons, il n'est pas question de comparaison ou de hiérarchisation de la douleur. Face au deuil de son bébé, chacun fait comme il peut avec ses forces et ses faiblesses, ses repères et ses manques. Le papa se sent souvent frustré de n'avoir pu partager avec son enfant "autant" de choses, pourtant si peu nombreuses, que la maman. La maman culpabilise souvent de n'avoir pas su protéger son enfant. Aucune position n'est enviable, aucun statut n'est préférable, aucune situation n'est jalousable. Rien de plus vrai que ce que chantait Serge Reggiani :

L'absence, la voilà,
L'absence d'un enfant, d'un amour,
L'absence est la même,
Quand on a dit "Je t'aime" un jour,
Le silence est le même.

Je ne dis pas que mon mari se retrouve(rait) dans tout ce que ce papa désenfanté écrit, je dis simplement qu'il est important qu'un papa puisse aussi faire entendre sa voix, parmi toute l'attention essentiellement portée vers les mamans. Alors, qu'il le veuille ou non, ce papa, à travers son blog, est un peu le porte-parole de tous les papas désenfantés.

Les plus vigilants ou assidus auront peut-être remarqué que ce blog fait partie des liens figurant sur mon blog. Pour les autres, en voici l'adresse : http://pastoutafaitpapa.canalblog.com

Posté par Tannabelle à 21:29 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
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Marche blanche

Mercredi prochain, nous serons le 15 octobre et, comme tous les ans, ce sera la journée internationale du deuil périnatal.

Un peu partout dans le monde, notamment en France, sont organisées des "marches blanches" en l'honneur des bébés décédés.
C'est le cas à Rouen. J'y participerai. Avec mon mari et Gaspard. Contre vents et marées.

Affiche marche blanche JIDPN 2014

J'ai fait poser cette affiche à plusieurs endroits de ma commune : dans deux boulangeries, dans une boucherie, dans une pharmacie et à l'école de musique.Je ne m'attends pas à ce qu'il y ait foule à cette marche mais si ne serait-ce qu'une personne remarque cette affiche et s'interroge sur ce qu'est le deuil périnatal, alors ce sera déjà une petite victoire.

Posté par Tannabelle à 11:51 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
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