17 septembre 2014

Chacun sa place, vraiment ?

Il y a un an, j'avais deux grumeaux dans le ventre.
Aujourd'hui, j'ai un haricot dans le ventre.

Un sentiment bizarre m'étreint quand je pense au lien entre ces deux évènements.
Si Élise avait été là aussi, nous n'aurions pas eu de nouveau désir d'enfant si rapidement, histoire de "nous remettre" de l'arrivée des grumeaux.
C'est parce qu'Élise n'est pas là que nous avons voulu un autre enfant si tôt.

Élise à la place du haricot... Le haricot à la place d'Élise...
Est-ce que chacun est vraiment à sa place ? Est-ce que chacun a vraiment sa place ?

Je me souviens d'une réflexion que je me suis faite et qui m'a serré le cœur, dans la salle d'attente de mon premier rendez-vous pour cette nouvelle grossesse : "Je ne devrais pas être là."
Je n'aurais pas dû être de nouveau enceinte ; j'aurais dû être comblée par mes grumeaux et temporairement immunisée contre l'envie d'un autre enfant.

C'est étrange de se dire ça.
Pourtant je suis heureuse que le haricot soit là, je l'aime déjà et sa présence sera une évidence dans moins de cinq mois.
Mais c'est perturbant de se dire qu'il est là parce qu'elle n'est pas là. Je m'efforce d'agir et de penser comme si notre vie n'avait pas changé de trajectoire mais il est des évidences qu'on ne peut nier : même si nous voulions et voulons toujours quatre enfants (vivants...), force est de constater que, si Élise avait été là, notre troisième enfant n'aurait pas été ce haricot...

Cette façon de voir les choses est discutable, je le sais. Car je sais qu'il en existe une autre : celle du "battement d'ailes de papillon". Tout est lié, paraît-il. Il nous appartient de réajuster notre vision des choses en fonction de cette réalité.

Réflexion

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Il y a un an

Ce soir, je pense à ce soir du 17 septembre 2013, dont je ne savais pas à l'époque tout ce qu'il était, tout ce qu'il impliquait, tout ce qu'il signifiait, tout ce qu'il représentait.

Je ne me souviens pas de la journée du 17 septembre 2013. C'était sans doute une journée ennuyeuse, passée à l'hôpital en compagnie de mon mari, rythmée par les visites des sages-femmes et des aides-soignantes.

En revanche, je me souviens bien de l'enchaînement de la soirée, à partir du moment où le Professeur Verspyck est venu me chercher pour l'échographie, en fin d'après-midi. Mon mari était en train de lire Stephen King, assis dans le fauteuil, à côté de moi, pendant que je faisais une réussite sur le plateau roulant, assise dans le lit.
Je me souviens de la salle où j'ai passé l'échographie - la dernière pour les grumeaux. C'était la salle où j'avais passé une échographie de surveillance pendant le traitement d'une des trois FIV (je ne sais plus laquelle) et surtout la salle où j'avais passé l'amniocentèse.
Je me souviens que je ne voyais pas grand-chose de l'écran pendant l'échographie.
Je me souviens de l'attente alors que le Pr Verspyck allait chercher mon dossier.
Je me souviens de la surprise - que mon mari avait cependant vue venir - de l'annonce de la date prévue pour l'ISG.
Je me souviens de notre retour dans la chambre.
Je me souviens de mon autorisation de sortie pour le dîner, annoncée par une sage-femme sans doute mise au courant quelques minutes plus tôt par le Pr Verspyck.
Je me souviens des coups de téléphone à nos parents, avant de sortir.
Je me souviens du trajet à pieds jusqu'au restaurant, du dîner (le dernier passé ensemble, à quatre), du trajet retour à pieds sous la pluie jusqu'à l'hôpital.
Je me souviens de la sage-femme croisée juste avant de rejoindre ma chambre, à qui j'ai expliqué brièvement mon autorisation de sortie et qui était déjà au courant, bien sûr.
Je me souviens de ma peine à trouver le sommeil.
Je me souviens de la perte des eaux au milieu de la nuit.
Je me souviens de ma prise en charge par la sage-femme, justement celle croisée avant de rejoindre ma chambre quelques heures plus tôt.
Je me souviens de mon attente jusqu'à une heure décente pour prévenir mon mari.
Je me souviens de l'arrivée de mon mari.

Je me souviens de tout ce qui a suivi. Mais, même si nous avions déjà changé de jour depuis quelques heures, tout ce qui a suivi appartient au 18 septembre 2013. Le 17 septembre s'est terminé pour moi au petit matin du 18.

Larme

Fix you - Offspring

Audio

C'est mon frère qui m'a fait découvrir cette chanson d'Offspring. J'espère qu'il ne m'en voudra pas de trahir l'intimité du message qui accompagnait le lien vers cette chanson, dans son mail daté du 11 mars dernier.

Je viens d'aller voir le blog et les derniers billets que tu as mis. J'ai hésité ces derniers jours à vous faire part d'une chanson qui me retourne à chaque fois que je l'écoute. C'est une chanson d'Offspring, Fix you. J'ai hésité, c'est pas bien vous allez me dire. Je te sentais "bien", et je voulais te laisser dans cette émotion le plus longtemps possible, car on sait que ces moments sont tellement rares.
A chaque fois que j'écoute cette chanson, et Dieu sait si je l'écoute en ce moment, j'ai les larmes qui montent immédiatement, de la même manière que maintenant, en écrivant ce mail. Les paroles expriment tellement de choses que je voudrais faire pour vous, vous soulager, vous aider, vous soigner, vous réparer... Tellement de choses que je dis à Elise en silence quand je pense à elle...

 

J'ai beau être traductrice, je ne me sens pas capable de rendre justice au texte original (la traduction de chanson est un art plus difficile qu'il n'y paraît !) alors je me contenterai d'une traduction littérale du refrain, qui donnera une idée du sens de cette chanson aux non-anglophones.

She wakes up
Rage and grace
Pulling me closer, pushing away
And me
The sharpest thorn on your vine
Twisting and turning
We’re all intertwined

Broken wing
Empty glass
Words that scream and bounce right back
She says, you know
We’d all like to rearrange

I wish I could fix you (Je voudrais te réparer)
And make you how I want you (Et faire de toi celle que je voudrais que tu sois)
I wish I could fix you (Je voudrais te réparer)
And I wish you could fix me (Et je voudrais que tu me répares)

I wish I could heal you (Je voudrais te soigner)
And mend where you are broken (Et guérir tes blessures)
I wish I could heal you (Je voudrais te soigner)
And I wish you could heal me (Et je voudrais que tu me soignes)

A beaming sunrise buries the night
The setting sun destroys the light
Then she says, baby, I’ve gotta get going
Cutting each other
Without even knowing

She sees a million stars like holes in the sky
All God’s tears for her they cry
And I am in her rain

 

Posté par Tannabelle à 15:36 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
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