Psychiatre - Épisode 2
Lundi dernier, j'ai à nouveau rencontré le Dr Terranova. Le calendrier a voulu que ce rendez-vous vienne conclure une semaine de dates particulières :
- le 18 mai : l'anniversaire de mon mari, que l'on avait fêté à presque quatre en 2013 en pensant qu'on serait bel et bien quatre un an plus tard, mais aussi les huit mois du décès d'Élise,
- le 19 mai : les huit mois des grumeaux,
- le 23 mai : les huit mois de l'enterrement d'Élise,
- le 24 mai : le premier anniversaire de ce jour où notre vie a basculé,
- le 25 mai : la fête des mères où mon cœur de maman était encore plus coupé en deux.
Alors forcément, dans le cabinet de la psychiatre, on ne peut pas dire que j'étais en pleine forme.
Contrairement à ce que j'avais cru comprendre, je n'ai pas rencontré la psychologue qui devait nous accompagner à domicile ; ce nouvel entretien s'est déroulé en tête-à-tête avec le Dr Terranova.
Elle a rapidement vu et senti que j'allais moins bien que la dernière fois. J'ai essayé de lui donner une explication rationnelle (la succession récente de toutes ces dates) à la dégradation de mon état mais ça ne lui a pas suffi. L'entretien a beaucoup tourné autour de la culpabilité cette fois. Parce que la culpabilité vous dévore, vous ronge de l'intérieur - elle est insidieuse et s'insinue partout.
Je culpabilise d'avoir tué Élise.
Je culpabilise de ne pas toujours penser à Élise.
Je culpabilise par rapport à Gaspard. D'ailleurs, dimanche dernier - jour de la fête des mères, j'étais tellement mal que j'ai fait un énorme câlin à Gaspard au moment de le coucher. Moi-même je sentais bien que je perdais pied à ce moment-là, je l'embrassais et le caressais en repensant à Élise et à ces mêmes gestes que je n'avais pu faire que quelques fois à peine avec elle. Et comme par hasard, alors que Gaspard dort entre 12 et 14 heures, cette nuit-là, il s'est réveillé six fois - comme si je l'avais perturbé, comme si je lui avais communiqué mon mal-être, comme s'il avait absorbé ma détresse. Je sais bien qu'on peut trouver mille explications à la mauvaise nuit d'un bébé mais vous ne m'ôterez pas de la tête que j'y suis nécessairement pour quelque chose.
Je culpabilise de ne visiblement pas réussir à m'en sortir toute seule.
Je culpabilise quand je me dis que rien ne pourrait être pire que l'absence d'Élise et que cette absence est de notre faute. En même temps, peut-on commettre un tel acte sans le payer toute sa vie ?
Je culpabilise quand j'imagine qu'un accident ou une maladie pourrait laisser Gaspard dans l'état végétatif qui aurait été celui d'Élise à la naissance : et pourtant, si ça arrivait, on ne tuerait pas Gaspard alors pourquoi n'avons-nous laissé aucune chance à Élise ?
Et c'est la nature de nos échanges qui lui a fait réviser son jugement quant au traitement médicamenteux, puisqu'elle m'a avoué qu'elle se posait la question, alors qu'elle l'avait exclu lors de notre premier entretien. Je lui ai rappelé que je n'y étais pas favorable a priori, pas plus que mon mari. Elle m'a alors expliqué qu'il s'agirait de toutes façons d'un traitement léger, qui ne m'abrutirait pas et qui ne modifierait pas mon comportement.
Elle a notamment insisté sur l'importance des premiers mois de vie de Gaspard et la nécessité qu'il bénéficie d'un environnement équilibré pendant cette période de sa vie en particulier.
Elle a précisé que c'était la notion de culpabilité qui ressortait de mes propos qui l'incitait à se poser la question. Elle m'a expliqué que la culpabilité est l'un des symptômes de la dépression. Voilà, le mot est lâché - le mot qui fait peur, le mot qui fait fuir. Je lui ai demandé si cette culpabilité n'était pas normale compte tenu de la décision que nous avions prise. Elle m'a alors fait comprendre (je ne me souviens plus de ses termes exacts) que, huit mois après, ce n'était pas tout-à-fait normal.
Je ne demande qu'à la croire et qu'à être aidée. Après tout, il paraît qu'elle s'y connaît, en deuil périnatal, d'un jumeau qui plus est.
Je dois à nouveau la rencontrer dans une dizaine de jours, accompagnée de mon mari cette fois, notamment pour discuter de l'opportunité de ce traitement.
Mais prendre des anti-dépresseurs, cela implique probablement que j'interrompe la relactation (je vous en reparlerai plus tard) et que nous fassions une croix sur notre espoir d'une nouvelle grossesse dans les semaines ou mois à venir.
Toujours est-il que, si elle me propose effectivement un traitement, ce ne sera pas pour moi mais pour Gaspard que je l'accepterai. Parce que je ne veux pas qu'il souffre de mon état. Car au final, le plus difficile à encaisser au sortir de cet entretien, c'est qu'il semble que je ne suis pas tout-à-fait à la hauteur pour m'occuper de Gaspard. Et si c'est comme ça que je suis censée lâcher prise par rapport à la culpabilité, c'est mal parti...
Psychiatre - Épisode 1
Le 13 mai dernier, j'ai eu mon premier rendez-vous avec le Dr Terranova, une psychiatre spécialisée dans toutes les questions autour de la périnatalité. Je n'attendais pas grand-chose de ce rendez-vous, il faut dire que ce n'est pas vraiment moi qui l'avais sollicité.
J'ai donc eu affaire à cette psychiatre et à un étudiant en médecine qui s'est contenté d'assister, sans y participer, à l'entretien.
Le Dr Terranova est sans doute "familière" de ma situation mais j'ose espérer que si, à la faveur de ce rendez-vous, cet étudiant a découvert (rayez les mentions inutiles) le deuil périnatal d'un singleton, le deuil périnatal d'un multiple, l'interruption médicale de grossesse et/ou l'interruption sélective de grossesse, il a compris des choses, s'est posé et se posera des questions et fera preuve d'humanité et de compréhension s'il est de nouveau confronté à ce type de drame au cours de sa carrière.
Le Dr Terranova m'a reçue dans son bureau de l'hôpital psychiatrique à quelques kilomètres de chez moi. L'hôpital en lui-même est "accueillant" (beaucoup d'espace, de la verdure) mais dans le bâtiment où l'on m'attendait, l'ambiance n'était plus à la flânerie. Tandis que le rez-de-chaussée est consacré aux hospitalisations, le service de consultations se situe au premier étage, à première vue accessible au public uniquement par un escalier. Je m'apprêtais donc à porter Gaspard dans sa poussette pour atteindre le premier étage lorsqu'une soignante m'a aperçue à travers la porte vitrée fermée à clef séparant le hall du service d'hospitalisation et m'a proposé d'emprunter leur ascenseur de service.
Pendant le court instant où la soignante a refermé la porte vitrée derrière moi et a attendu l'ascenseur à mes côtés, un patient hospitalisé qui traînait dans le couloir a fixé obstinément Gaspard du regard - un regard qu'il m'a été impossible de déchiffrer : attendrissement, folie ? Rien de tel pour vous mettre dans l'ambiance et pour vous faire douter à la fois - et c'est paradoxal - de la pertinence de votre présence et de votre propre état mental. Pour résumer, cette question n'a cessé de faire des allers-retours dans ma tête : qu'est-ce que je fais là ?
D'ailleurs, à la fin de l'entretien, après avoir hésité un court instant à me laisser redescendre seule, la psychiatre elle-même m'a raccompagnée jusque dans le hall, hors secteur hospitalisation, justifiant sa décision d'une seule phrase : "il y a quand même des malades en bas".
Une fois arrivée dans le bureau de la psychiatre, j'ai à peine eu le temps d'ôter mon manteau et de découvrir un peu Gaspard qu'elle m'a lancé sans préliminaires : "Racontez-nous". Raconter quoi ? La grossesse ? La descente aux enfers depuis le 24 mai 2013 ? L'accouchement ? Le retour à la maison ? Comment j'ai atterri dans ce bureau ? J'ai finalement essayé de lui présenter un résumé de quelques phrases couvrant tous ces évènements.
Quand j'ai eu fini, elle n'a pas enchaîné tout de suite en rebondissant sur ce que je venais de lui dire ou en creusant tel ou tel aspect. Il y a eu un blanc - le premier d'une longue série au cours de cet entretien. Dans l'ensemble, il y a eu moins d'échanges qu'avec la psychologue du CHU mais le contexte est différent : elle est psychiatre et pas psychologue et elle découvre l'histoire "après la bataille" et non au fil de l'eau.
Elle m'a finalement et tant bien que mal interrogée sur différents aspects, dans le désordre :
- Comment avions-nous accueilli l'annonce de la grossesse gémellaire ?
- Comment s'était passé le retour à la maison avec Gaspard ?
- Comment mon mari vivait-il la situation ?
- Comment allais-je ?
- Quelle relation avais-je avec Gaspard et quels sentiments éprouvais-je pour lui ?
- Est-ce que je sortais et est-ce qu'il m'arrivait de rester enfermée plusieurs jours de suite ?
- Avais-je toujours de l'appétit ?
- Comment était mon sommeil ?
- Avais-je toujours le goût pour les choses que j'aimais faire avant ?
Je lui ai également parlé spontanément :
- du manque d'Élise,
- de la culpabilité liée à la décision de l'ISG,
- des difficultés liées au deuil périnatal.
Parmi les exemples qu'elle m'a demandés par rapport à ce dernier point, j'ai évoqué la phrase de la médecin de la PMI mais sans préciser de qui elle venait. J'ai hésité - j'aurais dû mais je n'ai pas osé parce que je ne voulais pas l'incriminer. Pourtant je sais que :
- ce n'est pas à moi de prendre soin des autres en ce moment - en tout cas pas des "étrangers" et pas comme ça ;
- si j'avais été plus précise, elle lui en aurait peut-être parlé et cette médecin aurait peut-être fait moins de gaffes face à d'autres parents ayant perdu un enfant.
Après ces échanges laborieux, et comme je ne savais toujours pas ce qu'elle attendait que je lui dise et ce qu'elle cherchait à comprendre ou à savoir dans mes paroles, j'ai fini par être franche : "je ne sais pas pourquoi je suis venue, je ne sais pas quel est le but de ce rendez-vous". C'est là qu'elle m'a enfin expliqué que son rôle était de déterminer si ma souffrance était normale dans le contexte ou s'il y avait un état pathologique - dépressif, appelons les choses par leur nom - derrière tout ça.
Elle m'a tenu le même discours que la psychologue du CHU lors de notre dernier RDV en février : elle n'est pas favorable aux traitements médicamenteux en cas de deuil (moi non plus, ça tombe bien), elle les juge artificiels et estime qu'un état dépressif n'est pas rare en pareille situation et peut même être nécessaire. Elle a au moins l'air de comprendre que pleurer son bébé est normal, même plusieurs mois après, et ne semble pas encline à me gaver d'anti-dépresseurs.
En lieu et place de ce traitement qui n'était pas à l'ordre du jour, elle m'a proposé un accompagnement à domicile par l'un des membres de son équipe : psychologue, puéricultrice, infirmière psychiatrique, etc. Dans mon cas et compte tenu de ce que je lui ai dit, elle a estimé que la psychologue serait la plus adaptée. Nous sommes alors convenues de nous revoir une quinzaine de jours plus tard pour en rediscuter et - si j'ai bien compris - pour que je rencontre la psychologue avant qu'elle ne vienne chez nous.
Un jour presque comme les autres
Aujourd'hui, c'était la fête des mères en France, la première depuis que les grumeaux sont nés.
La première que je passe avec Gaspard. La première que je passe sans Élise.
Ma famille me l'a souhaitée et a compris que, même si je n'attache pas une grande importance à toutes ces fêtes "imposées", c'était un jour particulier. Un jour qui sera toujours particulier, parmi tous ceux qui le sont déjà et qui le resteront toujours.
Aujourd'hui, à droite à gauche, j'ai vu les cadeaux que certains enfants ont préparés pour leurs mamans. Et j'ai imaginé les cadeaux qu'Élise n'aura jamais la joie et la fierté de préparer pour moi.
J'ai lu les souhaits que certains adressaient aux mamans de leur entourage. J'ai notamment vu passer sous mes yeux cette phrase : "Que cette journée des mamans soit la plus belle pour toutes les mamans du monde." Et je me suis dit que cette journée ne pourra jamais être la plus belle.
Je me suis rappelé les cadeaux que j'offrais à ma mère et les poèmes que je lui récitais, dans la chambre de mes parents, le dimanche matin, encore en pyjama, à peine réveillée. Et j'ai pensé que jamais je ne partagerai ces moments-là avec Elise. Jamais.
Gaspard est bien sûr encore trop petit pour avoir préparé quelque chose ou même pour avoir simplement conscience de cette fête. Alors c'est le papa qui s'est fait le messager de mon crapaud, à gauche, et de ma grenouille, à droite.
Tout à droite, c'est le reflet de la "lampe d'Élise" dans la baie vitrée.
Lampe personnalisée avec d'un côté une photo de la main d'Élise, de l'autre une photo du pied de Gaspard.
24 mai
Aujourd'hui, nous sommes le 23 mai.
Il y a 8 mois, c'était presque la première fois que nous voyions ton visage, que nous prenions ta main, que nous t'embrassions. Et pourtant c'était aussi et surtout la dernière fois.
Demain, nous serons le 24 mai.
Il y a un an, j'avais passé une belle après-midi avec des amis venus égayer mes journées en solitaire.
Nous nous étions amusés de mon statut temporaire de "personne à mobilité réduite", en raison de l'hématome qui m'obligeait à limiter mes déplacements.
Nous avions parlé des sexes qui devaient rester secrets jusqu'à la naissance.
Nous avions évoqué les trois couples de prénoms que nous avions choisis.
Il y a un an, mon mari et moi étions sur le point de découvrir que la vie peut se comporter en traîtresse.
Il y a un an, mon mari et moi étions sur le point de recevoir un message de ces amis désireux, en toute bienveillance et en toute innocence, de savoir si mon statut de PMR était prolongé ou non.
Il y a un an, mon mari et moi étions sur le point d'apprendre les sexes de nos jumeaux de façon un peu fortuite.
Il y a un an, mon mari et moi étions sur le point de commencer à appeler, un peu plus tôt que prévu, nos jumeaux par leurs prénoms.
Il y a un an, notre vie a commencé à basculer. Lentement, progressivement, inexorablement.
Ce 24 mai 2013, la plus grosse inquiétude que nous a laissée l'échographie était liée à la fente labio-palatine d'Élise.
C'était l'anomalie la plus visible.
C'était l'anomalie la plus grave.
C'était l'anomalie qui avait bien voulu dire son nom immédiatement.
C'était l'anomalie définitive, celle qui ne pourrait de toutes façons pas disparaître d'elle-même in utero.
C'était l'anomalie qu'il faudrait traiter et opérer dès les premiers mois de vie d'Élise.
C'était l'anomalie qui nous "parlait" le plus, à nous, les profanes.
C'était l'anomalie qui nous laissait entrevoir que nous avions des moyens d'action.
C'était l'anomalie qui ne nous interdisait pas de nous projeter.
Ce 24 mai 2013, nous avons occulté la deuxième anomalie d'Élise : la dilatation des ventricules de son cerveau.
C'était l'anomalie la moins visible.
C'était l'anomalie la moins grave.
C'était l'anomalie qui pouvait n'être qu'une fausse alerte, celle qui pouvait stagner, voire régresser ou même se résorber d'elle-même in utero.
C'était aussi l'anomalie qui faisait peur, celle-dont-il-ne-fallait-pas-prononcer-le-nom.
C'était surtout l'anomalie qui pouvait faire basculer notre vie.
Cosmopolitan (bis)
Je suis à la une de Cosmopolitan !
Pour être honnête, c'est mon blog qui est à la une de Cosmopolitan.
Pour être un peu plus honnête, c'est dans la rubrique Psycho de Cosmopolitan que mon blog est à la une.
Pour être tout-à-fait honnête, c'est dans la rubrique Psycho du site Internet de Cosmopolitan que mon blog est à la une.
Mais peu importe : cela veut quand même dire que mon blog a attiré et retenu l'attention !
Et je suis certaine que vos votes n'y sont pas étrangers alors : MERCI !
Et si vous ne me croyez pas, voici la preuve en image !
Capture d'écran réalisée il y a quelques minutes
Dépêchez-vous d'aller le vérifier de vos propres yeux car les blogs à la une ne le sont que pour une semaine et je ne sais pas depuis quand le mien est à l'honneur : ils ne m'ont même pas prévenue, les saligauds ! Je l'ai découvert par hasard ce matin alors que c'était la première fois que j'avais l'idée d'aller vérifier.
Saint-Aubin
Ce soir, j'ai répété dans une chapelle à Saint-Aubin pour un concert que l'on y donne demain.
Avant de prendre la route pour ma répétition, je n'avais pas réalisé que la dernière fois que j'avais mis les pieds dans cette chapelle, c'était le 13 février 2013.
Sur les dernières minutes du trajet, à mesure que l'itinéraire des derniers kilomètres me revenait en mémoire, cette fameuse journée a défilé en accéléré dans ma tête :
- le matin, la prise de sang pour évaluer le taux de bêta-HCG ;
- en début d'après-midi, la réception des résultats par email avec ce taux que l'on voulait croire trop élevé pour qu'il ne soit le premier indice que d'une seule petite vie ;
- dans la foulée, le coup de fil à mon mari, mes parents, mon frère, ma belle-soeur, mes beaux-parents, mon beau-frère ;
- l'après-midi, l'ultime répétition pour le concert du soir ;
- le soir, l'annonce de ma grossesse à ma prof d'alto entre la loge et la scène, juste avant le concert ;
- après le concert, la conversation avec ma copine altiste, pendant sa pause-cigarette, sur le parvis de la chapelle où nous venions de jouer ;
- sur la route du retour, dans la voiture, diffusée à la radio, cette chanson d'Etienne Daho qui a soudain pris tellement de sens ;
- de retour chez moi, la douceur des bras impatients de mon mari ;
- dans la foulée, la joie d'appeler nos amis proches pour leur annoncer la nouvelle tant attendue.
Une madeleine de Proust dont le goût aussi doux qu'amer m'est resté longtemps en bouche ce soir...
En relisant le premier billet publié a posteriori sur le blog et daté de ce fameux 13 février, je me trouve bien naïve : Même s'il y a un problème en route, c'est déjà une victoire. A l'époque, le plus gros "problème en route" auquel je pensais, c'était ce qu'on appelle une fausse-couche du premier trimestre. Si j'avais su...
Le deuil dans la fratrie pendant l'enfance
Émission diffusée sur RTL
Date : 16 mai 2014
Durée : 42 mn
Huit mois moins un
Il y a un mois, les grumeaux ont eu sept mois. Le hasard du calendrier a voulu qu'un certain rendez-vous tombe ce 19 avril. Ce n'est peut-être pas plus mal finalement.
Voici le résultat de ce rendez-vous :
Mon mari et moi avons souhaité nous faire tatouer par rapport aux grumeaux. Si tout s'était bien passé, je ne crois pas que nous l'aurions fait. Nous ne voulions pas porter leurs prénoms ou leurs initiales ; nous souhaitions quelque chose de plus symbolique, de plus "mystérieux" - bien que la plupart des gens connaissant notre histoire ne puissent en ignorer la signification.
Depuis qu'Élise n'est plus, nous pensons à elle comme une étoile filante. Il nous a donc semblé évident de la représenter par ce symbole, unie à une étoile représentant Gaspard en l'honneur de leur gémellité. Nous avons sollicité Willy d'Inked-by-me, le tatoueur à qui nous avions déjà fait appel et en qui nous avions confiance, à la fois pour l'hygiène, la technique et l'état d'esprit. Nous lui avons soumis l'idée et il nous a proposé en retour ce dessin, qui nous a tout de suite plu par sa délicatesse.
Mon mari et moi nous sommes donc fait tatouer le même dessin, aux mêmes dimensions et au même endroit : à l'intérieur du poignet gauche. A l'intérieur du poignet pour pouvoir le cacher ou le montrer à notre guise ; à gauche car c'est de ce côté qu'Élise a passé sa courte vie dans mon ventre.
Avant ce tatouage, mon mari et moi en portions déjà trois chacun mais celui-ci est évidemment le plus lourd de sens.
Le cap des 3 mois
Il y a longtemps que le début de ce billet traîne dans mes tiroirs. La preuve : il y est question d'un billet d'un autre blog que j'ai lu le jour où il a été publié, il y a quatre mois et un jour très exactement.
Ce qui m'a décidée à en parler, c'est l'émission des Maternelles de ce matin, qui abordait les angoisses du début de grossesse. Willy Belhassen, le sage-femme invité en tant qu'expert aux côtés des deux mamans-témoins, y a prononcé ces mots :
Quand une femme est enceinte, ce qui va lui arriver, c'est qu'elle va arriver au terme, qu'elle va accoucher et qu'elle va avoir un bébé. C'est ça qui se produit la plupart du temps - quasiment toujours.
Dommage pour nous, on fait partie de ce quasiment. Bref, revenons-en à l'objet du billet du jour.
Parmi les quelques blogs de fille que je lis régulièrement, il y a donc On en parle ou pas ?. Il y a quelques mois, l'auteur y avait publié un billet clôturé par ce PS :
Ps : oui, je suis toujours enceinte :) je passe cette semaine le cap des 3 mois ! "vous aurez votre bébé" qu'elle a dit l'échographiste
Il y a un an, j'aurais eu envie d'y croire, j'y aurais peut-être même cru.
Nous aussi, nous avons attendu d'avoir dépassé "le cap des trois mois" pour l'annoncer à tout le monde.
Nous aussi, nous avons cru que, une fois le cap des trois mois dépassé, le plus dur était derrière nous.
Mais aujourd'hui, je sais que rien n'est jamais gagné, que tout peut basculer à tout moment.
Et en commentaire d'un précédent billet relatif au fameux cap des trois mois, l'auteur avait ajouté :
Ma 2nde grossesse m'a donnée confiance en moi, en ma capacité de porter la vie, que je n'avais pas la 1ère fois.
Je ne peux m'empêcher de me demander si j'oserai un jour prononcer - ou, du moins, penser - cette phrase. Et je me rends compte que oui, mais.
Oui, depuis la grossesse d'Élise et Gaspard, je sais que je peux porter la vie.
Mais je sais aussi que je n'ai pas su donner la vie à mes deux enfants.
J'aimerais simplement conclure par l'un des derniers billets que l'auteur a publiés : Je vais avoir un bébé prématuré.
Même si je ne souhaite que le meilleur à ce bout de chou, voilà exactement pourquoi la sage-femme qui a fait passer la première échographie à sa maman aurait mieux fait de se taire !
13 mai
13 mai 2013.
Deux semaines après m'être lancée dans la blogosphère, je me décide à communiquer l'adresse du blog à mon entourage direct : famille, amis, quelques contacts Facebook.
13 mai 2014.
J'ai rendez-vous pour la première fois chez la psychiatre que m'a conseillée bien maladroitement la médecin de la PMI et qui est spécialisée dans les questions autour de la périnatalité.