e soir, au groupe de paroles, une maman disait qu'après le décès de son enfant, elle n'avait pas voulu de "bébé-pansement" : elle ne voulait pas faire un bébé pour aller mieux, elle voulait aller mieux pour faire un bébé. J'ai réagi à ce qu'elle disait, sans jugement, sans comparaison, juste parce que je comprenais ce qu'elle voulait dire, précisément parce que je n'ai pas eu ce choix-là. Le "bébé-pansement" est arrivé au moment où mon autre bébé est parti. Et c'est ça qui est compliqué.

Tout le monde dit qu'il faut du temps pour se reconstruire, que le chemin du deuil est long. Mais j'ai l'impression qu'avec notre cas particulier, le temps s'étire, le chemin est encore plus long, le deuil prend du retard. J'ai l'impression de "faire mon deuil" en pointillés, de ne vivre mon deuil que quand Gaspard n'a pas besoin de moi. J'ai l'impression que chaque étape prend plus de temps que ce qu'elle aurait pris si Élise avait été seule. En même temps, si Élise avait été seule, Gaspard n'aurait pas été là pour me tirer vers le haut. Il me freine tout en me faisant avancer. Un paradoxe de plus.

Réflexion